Rivière noire

Rivière noire
Jean Lamoot, Orlando Morais et Pascal Danae © A.Maistre

Trois hommes, trois musiciens (le Brésilien Orlando Morais, le Guadeloupéen Pascal Danae et le Français Jean Lamoot) remontent le fil de leur Rivière noire pour dessiner les contours d’une Afrique rêvée, d’une utopie sonore. En résultent les cinq premiers titres d’un album à paraître fin 2012, qui offrent les prémisses d’une méditation sereine, lumineuse et partagée.

Le murmure. Les frémissements… Dans ces cinq premiers titres de Rivière Noire, le fil de l’eau parcourt les pistes une à une, les irrigue, les nourrit d’un même flux, alangui, apaisé. Dans ce disque aquatique, bercé à l’ombre des arbres séculaires, baigné du roulis des pierres sous les flots, tout coule de source, quand les influences disparates s’unissent au même courant : tant de confluences ! Un chant brésilien doux, tout en nuance et en tendresse, s’élève, épouse les courbes de tambours africains, s’accorde aux riffs sauvages et nonchalants des guitares électriques, s’imprègne du chant ancestral des griots (Kassé Mady Diabaté…). Se dessinent alors les échos d’un blues profond, les bruissements d’une jungle luxuriante et les rives d’une "terra incognita", celle d’une Afrique fantasmée, forgée à l’aune des rêves partagés de trois hommes.  

Il y a d’abord Orlando Morais, grande personnalité de la musique brésilienne, remarqué par ses collaborations avec Caetano Veloso et Maria Bethânia, qui cherche dans le continent noir les racines musicales de son peuple. Il y ensuite le bassiste et producteur Jean Lamoot (Alain Bashung, Noir Désir, Salif Keita…), qui convoque les terres de son enfance, passée entre le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Rwanda. Il y a enfin le guitariste/songwriter d’origine guadeloupéenne Pascal Danae (Morcheeba, Youssou N'Dour, Asa…), infatigable globe-trotter, qui voit dans l’Afrique l’un de ses havres d’accueil.
 
Lorsque ces trois-là se rencontrent, grâce aux connexions du batteur Manu Katché, ils ne parlent pas, mais laissent tout l’espace nécessaire, pour que surgisse la musique. En résulte un dialogue essentiel, une méditation heureuse, une harmonie de chaque instant, et cinq titres, composés et enregistrés en une poignée d’heures. Quelques mois plus tard, le trio s’envole pour Bamako, direction le studio Moffou de Salif Keita, pour mêler leurs créations aux eaux du fleuve Niger.
 
Premier avant-goût d’excellente augure de l’album, à paraître fin 2012, cet EP de cinq titres révèle donc ce miracle de mélancolie radieuse : trois âmes, trois talents, rassemblés en un seul souffle, une seule respiration, un seul cours d’eau, un seul cœur.

Rivière Noire, EP Bate Longe (2012)