Les Francos de Montréal nous permettent souvent de mettre un coup de projecteur sur des artistes en devenir. C'est ainsi que le jeune auteur-compositeur montréalais Peter Peter s'est produit lors de la dernière édition, au Club Soda pour un concert en clair-obscur. Rencontre avec ce chanteur québécois fraîchement arrivé de Paris, où il venait de conclure une entente avec Sony France.
Après avoir pondu deux albums en autant d’années, voyagé aux États-Unis et tourné un peu partout au Québec, Peter Peter traversera l’Atlantique cet automne, pour lancer d’abord un mini album. Puis, au printemps 2014, il sera de retour en France pour offrir une réédition d’Une version améliorée de la tristesse, le disque grâce auquel il a acquis une belle renommée depuis sa parution québécoise en 2012. Ce sont ses chansons électro-pop, douces-amères, dominées par des synthétiseurs qu’il présente dans plusieurs festivals cet été
Plutôt du type humble, et même vaguement timide, il affirme que l’arrivée du succès n’a pas changé sa façon de faire les choses, même si la signature européenne est l’une des meilleures nouvelles reçues depuis longtemps. "Je n’aime pas les artistes qui se prennent pour d’autres et chantent ce qu’ils ne sont pas. Franchement, je suis loin d’être un super héros", admet-il en sirotant un verre de vin sur une terrasse du Plateau-Mont-Royal. S’il se passionne pour la musique pop, Peter Peter grimace quand il fait référence aux clichés associés au statut de chanteur populaire.
À toute cette imagerie et cette fausseté, il préfère exprimer la fragilité. Celle qui, omniprésente et assumée, caractérise ses textes, naviguant de l’amour à la mélancolie ou de la solitude à l’euphorie festive. Et ces émotions en montagnes russes se déclinent presque toujours avec le "je". "Je n’écris pas de fiction. Ce que je chante, c’est ce que j’ai vécu. Le nom des filles, le nom des rues… je ne change rien. Je pense que j’aime mieux parler de mes défauts que de mes qualités !", affirme-t-il. Le guitariste se fait d’ailleurs très autocritique quand il songe à son premier album, plus folk : "J’aurais dû oser y aller plus pop." C’était avant le coup de cœur pour les synthés et la programmation qui a initié Une version améliorée..., marquant une réelle évolution dans la démarche.
Depuis, Peter Peter ne cesse d’écrire, d’explorer et de se munir de nouvel équipement.
"Je suis du genre à me fatiguer rapidement de mes chansons. En show, je trouve important d’ajouter des nouveautés et des choses plus précaires, pour avoir du fun. Sur l’album, il y a des chansons qui sont hyper fragiles et j’ai envie de montrer qu’on peut les jouer de façon épurée. En même temps, je veux que le show soit plus loud !"
Premier concert intérieur aux Francos
À la fois plus sobre et plus relevé, c’est exactement ce qu’était le concert de Peter Peter, son deuxième en carrière au Club Soda. En une quinzaine de chansons, il a transporté son public de l’intime au festif, de l’ombre à la lumière. Après une introduction électro plutôt théâtrale, où il était installé au synthétiseur dans la pénombre, ses cinq musiciens (guitare, synthétiseur, basse, batterie et saxophone) l’ont rejoint pour entamer directement la chanson-titre du deuxième album, vite reconnue par les fans.
Oscillant entre les balades pop et les morceaux plus électro-rock, Peter Peter a livré tous les tubes du dernier album (Beauté baroque, MDMA, Carrousel), six chansons du premier et quelques nouveautés, parmi lesquelles Little Shangrila, en rappel. Il n’avait pas besoin de parler beaucoup pour que la foule ressente le plaisir d’être là. Aux deux tiers du concert, il a même troqué sa guitare électrique pour une acoustique et partagé quelques morceaux en solo, devant un rideau rouge de théâtre. Une douceur intimiste aux antipodes de la grande finale rock où, face à son batteur Francis Mineau (Malajube), il a conclu avec Porte bonheur.
Peter Peter Une version améliorée de la tristesse (Audiogram) 2012 Site officiel de Peter Peter
