Fnac Live, un festival au cœur de Paris

Fnac Live, un festival au cœur de Paris
Albin de la Simone sur scène au Fnac Live 2013 © AL Lemancel

Du 18 au 21 juillet, le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris a résonné de toutes les couleurs musicales, offertes par le festival Fnac Live. Pour sa troisième édition, ce grand rendez-vous populaire et estival, s’est doté d’une nouvelle scène, le prestigieux Salon des Arcades, un joyau intimiste niché au cœur de l’Hôtel de Ville, où se sont produits, samedi, Mesparrow et Albin de la Simone. Reportage.

 

Le soleil cogne fort sur Paris. En ce samedi 20 juillet, résidents et touristes s’alanguissent pêle-mêle sur le sable de Paris Plage, qui inaugure sa saison 2013. Les berges de Seine, tout juste réaménagées, accueillent en masse crèmes solaires, crèmes glacées, boules de pétanque, lunettes noires, bikinis, brumisateurs… Le bonheur, palpable et partagé, écrit dans l’azur immaculé, le mot "vacances" !

La musique dans l’air du temps

A quelques mètres, sur le majestueux parvis de l’Hôtel de Ville, une scène se dresse. Dans la torpeur, quelques notes de musique prédisent une longue et belle soirée : les pique-niques s’improvisent, les doigts claquent, les pieds marquent la mesure. Du 18 au 21 juillet, Fnac Live, le festival entièrement gratuit, laissait résonner, en plein cœur de la capitale, toutes les couleurs musicales.
 
Héritier du festival Fnac Indétendances, à la formule repensée, cet événement phare (80 000 personnes en 2012) fête aujourd’hui ses trois bougies, et perpétue sa ligne directrice, guidée par le plaisir et les coups de cœur, selon l’un de ses deux programmateurs, Nicolas Preschey.
 
Des têtes d’affiche (Oxmo Puccino, Olivia Ruiz, Alex Beaupain, Féfé…) aux jeunes pousses prometteuses (Granville, Palma Violets, Isaac Delusion, Christine and The Queens…) auxquelles la Fnac, "agitateur culturel", offre ce fabuleux tremplin, les 32 artistes de la mouture 2013 recouvrent tout l’éventail des styles musicaux : rock, pop, électro, musiques du monde, hip hop, chanson française. "Fnac Live se veut le reflet de toutes les musiques actuelles, au-delà des chapelles : le son de l’air du temps !", précise Nicolas.
 
Le vendredi 19, quelque 25 000 personnes se sont ainsi déhanchées sur les beats et les boucles du DJ Agoria. Ce samedi 20, le public fut captivé par les envolées maliennes électriques de la diva enchanteresse Rokia Traoré, le rock affûté de Concrete Knives ou encore le folk tonique de Lilly Wood and the Prick…
 
Surtout, la grande nouveauté de cette édition 2013 fut l’ouverture d’une toute nouvelle scène, un écrin fabuleux, au cœur même de l’Hôtel de Ville : le Salon des Arcades. "L’objectif était d’offrir un cocon intimiste à certains artistes, dont l’univers ciselé, délicat, se serait perdu sur le parvis : chanson française, électro de dentelle…", éclaire le programmateur. 300 spectateurs, qui avaient préalablement réservé leur place, ont ainsi eu la chance d’assister à deux concerts de poche par soir, dans ce joyau patrimonial.
 
Mesparrow, drôle d’oiseau

Parmi les lustres et les dorures, les grands espaces boisés, les peintures, les miroirs, les allégories de la Musique ou de l’Architecture, Mesparrow, aka Marion Gaume, muse parmi les muses, s’avance seule, vêtue d’une robe à la simplicité élégante, visiblement émue d’inaugurer, ce samedi à dix-huit heures, les concerts dans le Salon des Arcades.
 
Sur la scène, une sobre et brillante scénographie – stroboscopes minimalistes, toiles blanches, derrière lesquelles scintillent des guirlandes de lumière – donne corps à sa voix, samplée, triturée, orchestrée. Sous les arcades, les pépiements de ce moineau léger ("mesparrow", signifie, en anglais "me sparrow", "moi, le moineau"), ses mélopées, ses volutes vocales, rebondissent, allègres, sur le décor.
 
La jeune femme, ancienne élève des beaux arts, construit son tour de chant comme elle peindrait un tableau, une œuvre visuelle : par touches de couleurs apposées dans l’espace, par collages, montages et remontages, où s’esquissent toujours humour et tendresse.
 
Avec son corps tendu, recroquevillé, épanoui, enragé, ses digressions vers un hip hop féminin et charnel, sa soul éraillée et ses escapades fluettes, ses improbables chorales électroniques sur la seule puissance de sa voix, ses échappées belles au piano, Mesparrow gère l’espace, pleine de talent. M-E-S-P-A-R-R-O-W, comme le scande son dernier sample : ce nom ne saurait être oublié. Dans cette cage dorée, durant son show de trente minutes, elle a déployé ses ailes. Dans le Salon des Arcades, on l’a vue voler…

Albin de la Simone, un homme, tout court.

"Bienvenu chez moi !" rigole-t-il, embrassant d’un geste son environnement. D’emblée, Albin de la Simone, avec son classieux costume sombre, en deuxième partie, donne le ton : celui de l’humour, d’une authenticité chaleureuse. Avec ses harmonies improbables au piano, sa gestion des silences qui en disent long, ses mots murmurés de poète funambule, ses notes en équilibre sur le fil, le chanteur captive.
 
Entourée de ses deux acolytes complices (Christelle Lassort au violon et Maëva Lebert au violoncelle), il interprétait, dans le Salon des Arcades, son quatrième album, Un homme, sorti en février 2013, soit l’itinéraire "parfois autobiographique, parfois non" d’un quadragénaire, jeune papa, plein d’errances et de foi : un disque dépouillé, une mise à nu, sertie de nuances, et de petits bijoux sonores et poétiques.
 
Ce soir-là, l’homme à particule a fait siffloter le public, lui a confié les charges qui pèsent sur ses frêles Epaules (le titre d’une de ses chansons) pour se sentir léger. La famille composite des spectateurs vibrait sous les confidences susurrées de cet homme de son temps, antihéros assumé, héros des mots, orfèvre de précieuses escapades… Un moment de grâce !

Fnac Live s’est achevé dimanche soir avec le concert du poète Jacques Higelin. Pour un été à Paris et en musique !