Francofolies de Montréal 2014

Francofolies de Montréal 2014
Les Marinellis, Montréal 2014 © M.-H. Mello

En cours depuis le 12 juin, les Francos célèbrent leur 26e édition dans les rues et les salles du centre-ville de Montréal. Retour sur une première semaine marquée par de grands concerts gratuits (Jimmy Hunt, Karim Ouellet) et des performances à formule unique (Koriass, Keith Kouna) permettant à des artistes de concrétiser une fantaisie.

On ne le redira jamais assez : l’une des grandes forces des Francofolies de Montréal est d’offrir une programmation extérieure riche et gratuite. Le festival présente bien sûr plusieurs événements payants dans les principales salles du Quartier des spectacles – des soirées dont le prix gonflé du billet est la plupart du temps critiqué par les Montréalais, qui peuvent souvent voir ces mêmes artistes à plus faible coût le restant de l’année… Mais ce qui le distingue surtout, c’est son accessibilité. Il suffit de marcher rue Sainte-Catherine pour faire des découvertes (Joseph Edgar, Les Marinellis, Navet Confit) ou revoir des artistes confirmés (Louis-Jean Cormier, -M-, Pierre Lapointe) sur l’une des huit scènes du périmètre piétonnier. 

Depuis quelques années, comme le veut la (malheureuse) tradition, les festivités extérieures ont été lancées sous une pluie forte et durable. De l’événement d’ouverture, peu couru pour cause de menace diluvienne, on conservera pourtant un excellent souvenir de la performance de Jimmy Hunt. Bien entouré, et toujours bien caché derrière sa chevelure, le frêle guitariste a démontré l’étonnante puissance live des chansons de son dernier album, Maladie d’amour, qu’on n’a encore pas assez entendu en spectacle. Hunt aurait assurément mérité cette année une scène dédiée et plus intime.
 
Le lendemain, non loin du Métropolis où se produisaient Pierre Kwenders (découverte de2013 en scène extérieure) et Radio Radio, le Club Soda était le théâtre d’un concert spécial du rappeur Koriass, qui s’offrait pour la première fois un orchestre complet avec cordes et cuivres. Le charismatique artiste a livré une performance précise et solide, ponctuée de hits de Rue des Saules et Petites Victoires, réarrangés pour l’occasion. Même si les nombreux musiciens sur scène semblaient parfois sous-utilisés, la soirée a été remplie de moments qui en valaient la chandelle. Adapter des morceaux rap de la sorte représente un grand défi, et les fans de l’artiste, qui admet avoir ainsi réalisé un rêve, ont paru ravis du résultat.
 
Ce Koriass, dont on entend de plus en plus parler, a refait surface lundi en tant qu’invité spécial de Karim Ouellet, un autre excellent concert gratuit du festival. En foulant la plus grande scène extérieure des Francos, le jeune chanteur pop de Québec a su démontrer l’immense chemin parcouru depuis ses débuts : Ouellet a gagné en voix, en confiance en soi et en aisance sur scène, tandis que le groupe autour de lui s’est grandement solidifié. Cette belle soirée s’est pour nous terminée au spectacle de Toast Dawg, producteur de musique électronique "revisitant" son récent maxi Brazvillain avec une panoplie d’invités représentatifs de la nouvelle scène hip hop foisonnante, dont Loud Lary Ajust, Jam et P.Dox et… toujours Koriass. Une célébration variée et audacieuse, belle oasis dans une programmation très chanson pop.
 
Le voyage de Keith Kouna
 
En tournée en France depuis plusieurs mois, le talentueux guitariste-chanteur québécois Keith Kouna était fermement attendu hier au Gesù, où il a proposé un concert intime mémorable avec deux pianistes invités. Mieux connu par le public québécois pour ses ascendants rock, Kouna a livré quelques chansons plus douces de son plus récent album Voyage d’hiver– un opus concept où il couche des textes sur la musique de Schubert –, sans non plus bouder ses morceaux plus énergiques, badins ou provocateurs de Du plaisir et des bombes (2012) et Les années monsieur (2008), en version plus dépouillée. Cette soirée, bien introduite par Barcella, aura surtout permis de mettre en valeur sa poésie très crue et son style inimitable.
 
RFI Musique : Pourquoi avez-vous choisi cette formule de concert piano-voix avec deux pianistes?
Keith Kouna : Je préfère jouer en groupe pour l'énergie, mais la formule piano-voix que j’ai présentée en France est intéressante parce que les chansons reviennent à la base. Lucas Lemauff est un pianiste français avec qui j'ai tourné pendant près de six mois. Forcément, il s'est créé une complicité et nous trouvions intéressant de conclure cette tournée avec lui à Montréal. Et Vincent Gagnon est mon pianiste depuis six ans au Québec. Nous avons eu une seule journée pour répéter à trois, mais ce sont deux excellents pianistes alors je ne me suis pas inquiété. Je voulais que ce soit convivial, à la bonne franquette.
 
Comment se déroule votre tournée en France jusqu’à maintenant ?
J'ai pu faire une trentaine de dates, dans toutes sortes de salles et un peu partout en France, devant mille ou quinze personnes. Disons que ce fut un peu comme reprendre au début ce que j'ai fait au Québec. J'ai eu des spectacles géniaux et des spectacles de merde ! La base ! Mais en général, je dirais que la réception a été excellente et que ces quelques mois s'inscrivent dans une démarche à moyen et long terme. Se construire un public prend du temps si on veut un public de qualité.
 
Que représentent pour vous les Francos de Montréal ?
Ma relation avec les Francos date de l'époque des Goules [ndlr : son ancien groupe rock, punk, métal]. J'avais envoyé un mail directement à la programmatrice, disant que nous voulions jouer aux Francos, tout simplement ! À ma grande surprise, nous avons été programmés, et nous nous sommes déguisés pour la conférence de presse, essayant d’être photographiés avec Marie-Mai et Gabrielle Destroismaisons [ndlr : vedettes pop québécoises]… sans succès ! Les Francos furent donc le premier gros festival à nous programmer, en 2005. Nous y sommes retournés en 2007 et ce spectacle est l'un de mes plus beaux souvenirs de scène depuis que je fais de la musique.
 
Keith Kouna sera de retour en France en juillet pour présenter une dizaine de concerts en formule groupe.
 
Site officiel des Francofolies de Montréal
Site officiel de Keith Kouna