FNAC Live, le centre de Paris à l’heure des festivals

FNAC Live, le centre de Paris à l’heure des festivals
La Femme, Fnac Live 2014. © S. Portier

Du 17 au 20 juillet, à l’occasion de la 4e édition du festival FNAC Live, le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris s’est transformé en vaste scène de plein air. Le rendez-vous est désormais un incontournable de l’été, populaire et exigeant, avec ses artistes fédérateurs, ses jeunes talents, et une poignée de concerts rares et précieux sous les ors du sublime Salon des Arcades. Reportage.

Un soleil de plomb, entrecoupé de quelques averses éparses. Ce week-end, les conditions étaient parfaites pour un bain de foule sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Certains ont très tôt pris d’assaut les premiers rangs, bien avant le début des concerts à 17h30, d’autres se rafraîchissaient au bord de la fontaine, point de rendez-vous privilégié des très nombreux jeunes festivaliers.

 
Grands écarts musicaux
 
L’ambiance est bon enfant, le public plutôt volatile, mais peu importe. C’est l’une des particularités de ce festival en plein cœur de la capitale, gratuit et ouvert à tous : le touriste de passage y côtoie des groupes de jeunes venus de Paris et la banlieue pour fêter leurs idoles, les familles en sortie dominicale s’y mêlent aux amateurs éclairés de musique.
 
Année après année, la formule a convaincu et le festival (autrefois appelé Indétendances) est devenu un temps fort de l’été dans la capitale. L’an passé, plus de 90.000 spectateurs avaient pris part à l’événement, un record.
 
Question programmation, FNAC Live privilégie les artistes francophones, et repose sur une forme de grand écart permanent. Au plus fort de la soirée, les têtes d’affiches, habituées des festivals d’été, comme -M-, Bernard Lavilliers, Gaëtan Roussel ou encore Ben L’Oncle Soul. À leur côté, des groupes plus jeunes, mais déjà confirmés, à l’image du combo surf-pop La Femme, de Nosfell ou de Casseurs Flowters, et enfin, de jeunes talents à peine éclos programmés en fin d’après-midi ou en début de soirée (Les Toulousains de Kid Wise, Two Bunnies in Love…)
 
Dans cette succession de concerts où se sont entrechoqués, parfois brutalement, pop planante, rap hardcore et variété française, le public a jeté son dévolu samedi soir sur le phénomène Fauve. Le collectif parisien, devenu porte-flambeau de la nouvelle génération avec leur style épique et déclamatoire, s’est offert une place de l’Hôtel de Ville archicomble. Avant eux, le duo Casseurs Flowters ( les rappeurs Orelsan et Gringe) avait préparé le terrain, avec davantage d’humour et de facéties, tandis que la rockeuse Mademoiselle K venait faire découvrir ses nouveaux titres, en anglais, sans jamais avoir baissé le ton.
 
Dimanche, le calme était quelque peu revenu sur le parvis. Ambiance "familiale" avec un Bernard Lavilliers revisitant tranquillement ses classiques devant une foule plus clairsemée. Outre la formidable performance du crooner soul Gregory Porter, notons celle, impeccable et puissante, de la Parisienne Mina Tindle, dont on attend (impatiemment) le second album pour octobre.
 
Dick Annegarn, blues en grâce

Si le cœur du festival battait en extérieur sur la grande place, c’est dans l’espace intimiste et intimidant des salons de l’Hôtel de Ville que les miracles, les moments d’étonnement et de grâce ont eu lieu. Le temps en suspens, avec la chanteuse belge Mélanie de Biasio et sa langueur hypnotique, le pari de Jeanne Cherhal, jouant au débotté son dernier album dans son intégralité, mais aussi, et surtout, la performance mémorable de Dick Annegarn.
 
Tout de vert vêtu, venu non pas à vélo, mais accompagné de son guitariste fétiche, Freddy Koella, l’auteur de Sacré Géranium a d’emblée installé une atmosphère de confidence avec un public connaisseur et visiblement ému par autant de proximité. Une confidence tissée par le chanteur grâce à une grammaire blues très personnelle, touchante par sa simplicité et déroutante par ses audaces harmoniques, comme sur le très brésilien Approche-toi.
 
Très peu de standards comme Bruxelles ou Mireille, exit les tubes : Dick Annegarn se laisse aller à son inspiration du moment, y allant même de sa reprise folk blues (My Girl de Leadbelly). Quelques traits de malice pour évoquer Brel avant le classique "Jacques" : "J’aimais passionnément Jacques Brel, mais lui n’aimait pas beaucoup les gens comme moi !", quelques mots sur l’actualité tragique au Proche-Orient avant d’entamer, a capella, le chant poignant d’un tirailleur marocain de la Deuxième Guerre mondiale.
 
Sa voix grave et profonde répond aux entrelacs blues divins du guitariste. Tout n’est que liberté, frémissement, émotions, là où beaucoup s’attendaient peut-être à un récital convenu en forme de best-of. En sortant sous le décor irréel du Salon des Arcades, on se prend à espérer d’autres instants de magie comme celui-là. Merci Fnac Live ! 

Site officiel du Fnac Live