Le MaMA, un festival pour les professionnels

RFI Musique : Comment définir le MaMA, le marché des musiques actuelles ?
Fernando Ladeiro-Marqués : C'est un événement hybride qui se déroule dans les salles de concert et les théâtres du quartier Pigalle / Montmartre, à Paris. Il y a en journée, des conférences et des débats dédiés aux professionnels de la musique et le soir, des concerts ouverts à tous. Ce n'est pas qu'une convention professionnelle, ce n'est pas qu'un festival, c'est les deux à la fois.

Cette année, il y aura des cartes blanches au FAIR, une structure d'aide aux jeunes artistes, ou à des labels comme Cinq7 (Dominique A, Bertrand Belin, The Dø…). Quelle est la ligne artistique de votre rendez-vous ? La découverte ? 
Pop, rock, électro, hip hop, chanson, folk, on reste dans le domaine des "musiques actuelles". Après, ce n'est pas la notoriété des artistes qui est la ligne directrice de notre programmation, on choisit plutôt des artistes qui ont un potentiel à l'export, vu qu'on accueille beaucoup de "pros" étrangers qui viennent chercher de la fraîcheur, de la nouveauté. C'est pour cela qu'on a plutôt une programmation d'artistes en développement, même si l'an dernier on a pu le nouveau spectacle d'Archive. Nous ne sommes pas les TransMusicales de Rennes, notre but n'est pas de dire : "Venez voir ce que vous n'avez encore jamais vu."
 
En quelles langues chante-t-on au MaMA ? En français ou en anglais ?
On chante dans les langues que l'on veut, puisqu'on a environ 50 % d'artistes français et 50 % d'artistes étrangers. Pour la petite histoire, je me souviens qu'il y a trois ans, sur une journée, on avait un seul groupe qui chantait en français et c'était un groupe... canadien. Côté chanson, hip hop, tous les artistes français chantent en français mais dès lors qu'on parle de folk, de pop, de rock, l'anglais est devenu la norme. Et puis, pour s'exporter, mieux vaut chanter en anglais, encore que… Si la Mano Negra, les Négresses Vertes ou les Rita Mitsouko ont bien fonctionné à l'international il y a vingt/vingt-cinq ans, c'est qu'ils amenaient un son très français et des chansons chantées en français.

Le festival a débuté en 2009, au moment du Printemps de Bourges, avant de s'installer à Paris. On pourrait donc écrire que le MaMA est un petit Printemps de Bourges à l'automne à Paris...
Non, non, le Printemps de Bourges est avant tout un festival grand public, dans lequel on organise quelques rendez-vous pros, le MaMA a vocation accueillir des professionnels. Réunir 3800 pros, comme c'était le cas l'an passé, c'est considérable... Et pourquoi le MaMA est né à Bourges ? C'est simple. D'abord, une partie de l'équipe, Daniel Colling (directeur emblématique du Printemps de Bourges et du Zénith de Paris, ndla) et moi-même, on vient du Printemps de Bourges, et puis, j'avais déjà créé une opération similaire à Bourges entre 1995 et 1999, qui s'appelait Tam Tam. Au sortir du "Printemps" 2008, on a relancé cette idée avec Daniel (Colling), parce qu'il n'y avait pas d'événement de ce type France, alors que la France est le 5e marché de la musique dans le monde. Après un numéro zéro, on n'a pas voulu créer un événement dans l'événement à Bourges, on s'est donc installé à Paris.

Le quartier Pigalle, situé au pied de Montmartre est l'un des quartiers de la musique à Paris. C'est aussi un atout, non ?
Complètement, en plus il y a des salles magnifiques, le Trianon, le Divan du monde, la Cigale, le Bus Palladium, les Trois baudets… Et comme tout est à côté, les "pros" peuvent faire du zapping, aller d'une salle à l'autre pour faire leur marché, ça crée une vraie convivialité. Je suis convaincu que le même contenu éparpillé dans Paris n'aurait pas la réussite du MaMA.