Véronique Sanson, l'indestructible

Véronique Sanson, l'indestructible
V.Sanson à l'Olympia, février 2015 © T. Samson/AFP

En paix avec ses anciens démons, Véronique Sanson a renoué avec l'état de grâce. Charisme magnétique, voix claire et en place, setlist attrayante, frissons au piano. Jusqu'au 13 février et avant d'entamer une tournée, elle poursuit à l'Olympia une série de concerts dans lesquels elle revient sur ses Années américaines.

Elle surgit du fond de la scène. A cappella, les premiers mots de Vancouver dont il est inutile de rappeler la puissance attractive. Voix encore sur la brèche. Certainement le trac. "Les vapeurs d'alcool, ça je les connais bien". Elle appuie cette phrase lourde de sens, le doigt pointé vers le ciel. S'assoit au piano, s'évade du monde. Et commence à flotter librement. L'interprétation est déjà renversante.

Véronique Sanson n'a jamais paru aussi heureuse. Elle est là, avec une envie de tout : d'en découdre avec son âme cabossée, son corps régénéré, son répertoire frémissant. Joie palpable et aisance éblouissante. C'est communicatif. Entre elle et le public, il y a une certaine communauté d'esprit décapante et tenace. Alors, on refait le chemin en sa compagnie. Celui de ses années américaines qui convoquent l'ombre de Stephen Stills, son ex-mari, la traversée des embûches, la célébration des enthousiasmes et la création prolifique.
 
Sanson, la dompteuse, est incroyablement moderne et fait vibrer en contrepoint une prestigieuse fibre nostalgique. Autour d'elle, on reconnaît ses fidèles musiciens, le guitariste Basile Leroux, le bassiste-directeur musical Dominique Bertram, les deux choristes joueurs. Cette série de concerts marque aussi le retour de Steve Madaio, fabuleux trompettiste (Presley, Joplin, Wonder) avec qui elle n'avait plus collaboré depuis vingt-deux ans.
 
Le groupe est à son service, il ne ronronne jamais. Des lumières pourpres baignent au milieu de l'offensif Féminin, les rythmes chaloupés d'Alia Souza n'ont pas pris une ride, un sublime pont au piano encadre Monsieur Dupont, titre que l'on écoute comme on regarderait filer les étoiles.
 
Encerclée par une fervente section de cuivres, Véronique Sanson provoque des premiers fourmillements dans les jambes (Bernard's song). Définitivement sur un toit brûlant et le vibrato en forme olympique, elle offre quelques raretés délectables à l'image de ce vénéneux Les choses qu'on dit ou du vivifiant Harmonies. Il y a aussi des entorses au cadre initialement défini. Mais personne ne se plaindra de recevoir en offrande ses vieilles connaissances que sont l'extatique Drôle de vie et le conquérant Besoin de personne.
 
Alterner montées euphoriques et plongées mélancoliques, c'est sa force. Au piano, cette équilibriste des sentiments instaure un rapport intime, unique et dévastateur. Première estocade avec le Maudit, chanson à la tristesse réparatrice. Première ovation. Même grâce, mêmes élans pour cœurs blessés quand arrive le foudroyant Je me suis tellement manquée. Les notes sont suspendues, le chant absolu et fiévreux. Ce morceau à la fragilité redoutable et à l'émotion ardente parle à ses fantômes. La salle se lève tel un seul homme.
 
Difficile de retrouver un rythme cardiaque normal après un tel abandon. Sanson, elle, avance sans faiblir, effaçant le moindre repère temporel. En rappel, on se laisse happer par un Amoureuse à la beauté magnétique. Ne reste plus donc que Ma révérence qui a une longueur d'avance sur toute l'humanité. Et on pose, à nouveau, un genou à terre.
 
Site officiel de Véronique Sanson
Page Facebook de Véronique Sanson
 
En concert à l'Olympia jusqu'au 13 février. Date supplémentaire le 7 avril.