Dernier twist pour Richard Anthony
© Claude James / INA
L’icône des yéyés Richard Anthony vient de décéder à l’âge de 77 ans. Adulé des adolescents dans les années 1960, à l’instar des Johnny, Sylvie et consorts, le chanteur restera dans les mémoires pour ses mélodies acidulées et ses quelque 50 millions de disques vendus.
A la toute fin des années 1950, il avait été le premier à initier la mode des chanteurs français reprenant des standards du rock américain dans la langue de Molière. En 1959, son 45 Tours Nouvelle vague, une adaptation du titre Three Cool Cats du groupe The Coasters, le propulsait sur le devant de la scène de la variété française.
Pour ce fils de bonne famille, né au Caire en Egypte,d’un père syrien et d’une mère anglaise, la musique s’est vite imposée comme la promesse d’une vie plus libre, échappatoire à une carrière dans les affaires. Les années 1960 lui auront donné raison : en une décennie, il accumule les succès, plaçant une vingtaine de ses chansons en tête du hit-parade, telles Itsy Bitsy, petit Bikini en 1961, son célèbre J’entends siffler le train en 1962 (inspiré de la folk song américaine 500 Miles) ou encore A présent tu peux t’en aller (1964), une adaptation d’une chanson de Dusty Springfield.
Aux côtés des autres stars de l’époque, il fait les belles heures de l’émission radio Salut les copains, dont le public jeune est séduit par les mélodies du "père tranquille du twist" comme on le surnommait à l’époque. Moins "belle gueule" qu’un Johnny Hallyday ou moins charismatique qu’un Eddy Mitchell, Richard Anthony n’en devient pas moins l’une des idoles incontournablesdes années yéyés.
La suite de sa carrière sera moins flamboyante. A la fin des années 1960, les temps changent et les chansons légères des yéyés ne font plus recette. Même si le chanteur signe son plus grand succès en 1968 - une adaptation du Concerto d’Aranjuez de Joaquim Rodrigo, qui se vend à plus de huit millions d’exemplaires – il se fait par la suite de plus en rare sur les ondes, et connaît un dernier grand hit en 1974, Amoureux de ma femme.
Installé sur la Côte d’Azur, il profite alors d’une vie dorée et part s’installer aux États-Unis à la fin des années 1970 pour tenter sa chance en tant que producteur à Los Angeles. De retour en France dans les années 1980, Richard Anthony ne fait guère plus parler de lui dans les rubriques musicales, mais plutôt pour ses ennuis fiscaux et déboires sentimentaux (il a eu neuf enfants de quatre unions différentes).
Plusieurs graves problèmes de santé lui font craindre le pire, mais aidé de sa dernière épouse, Élisabeth, rencontrée en 1992, il remonte la pente et réenregistre ses plus grands tubes pour l’album Sentimental qui sort en 1996. En 1998, il renoue avec les plus fidèles de ses fans pour célébrer ses 40 ans de carrière sur la scène du Zénith de Paris.
En 2006, on avait pu le retrouver lors de la tournée Âge tendre et tête de bois, mettant à l’honneur les stars de la chanson des années 1960 et 1970, à laquelle Richard Anthony a participé durant plusieurs saisons jusqu’en 2012. Cette année-là, il fêtait également ses 50 ans de carrière à l’Olympia à Paris, devant une salle comble. De galas en tournées, son public nostalgique ne l’a jamais quitté.
Richard Antony est décédé des suites d'un cancer à l'âge de 77 ans dans la nuit de dimanche à lundi.
Par : Céline Turroques