Après s’être illustré au sein du groupe Karkwa, le chanteur et musicien Louis-Jean Cormier a fait paraître deux albums solos qui lui ont attiré un énorme succès public et critique. RFI Musique s’est entretenu avec lui avant son concert au Métropolis de Montréal, présenté dans le cadre des Francofolies le 17 juin dernier.
Peu avant le jour J, l’enthousiasme de Louis-Jean Cormier était palpable. C’est que l’auteur-compositeur-interprète originaire de Sept-Îles, au Québec, était sur le point de livrer son second concert en un mois au Métropolis, une salle montréalaise de large dimension qui accueille la plupart du temps, de célèbres artistes internationaux.
Qui plus est, il allait cette fois participer à une soirée en doublé avec la chanteuse et bassiste Marie-Pierre Arthur, une complice de longue date à qui il a également prêté ses talents de réalisateur musical. "Tous les musiciens de Marie-Pierre et les miens sont de grands amis et ça bouillonne vraiment ! Il y a une effervescence… C’est fou comme soirée !"
Parcours ininterrompu
C’est en tant que meneur du groupe montréalais Karkwa que le nom Louis-Jean Cormier a commencé à circuler au début des années 2000. En un peu plus d’une décennie, le quintette rock "atmosphérique" a parcouru beaucoup de chemins, fait paraître quatre disques et remporté de nombreux prix prestigieux, dont le Prix de musique Polaris pour l’album Les chemins de verre en 2010 (la plus grande récompense canadienne en musique).
Puis, il y a quelques années, la formation a annoncé une interruption. Il n’a pas fallu longtemps à Cormier pour lancer un premier album solo, Le treizième étage (2012), puis plus récemment, Les grandes artères (2015). Ces deux opus ont connu un vif succès, auquel sa participation en tant que coach à l’émission La Voix a sans doute beaucoup contribué.
Disons que son nom est désormais largement répandu en dehors de la scène musicale indépendante de Montréal. Et ce musicien ne s’arrête jamais, qu’il s’agisse de composer de nouvelles chansons, de présenter des spectacles partout au Québec ou de travailler sur les créations d’autres artistes de la scène chansonnière du Québec. "Je suis un peu cave ! lance-t-il en riant. J’ai dit à tout le monde que je me reposerais cet été… mais j’ai accepté de réaliser le disque de Philippe Brach parce que j’aime vraiment beaucoup ses nouvelles chansons. J’ai aussi le désir de créer un nouvel album bientôt parce que j’ai des idées de direction musicale. Mais tout le monde autour me dit : 'calme-toi les nerfs, tu vas frapper un mur !'. Sauf que mon studio va déménager, et c’est sûr que je vais vouloir faire un disque pour baptiser ma nouvelle place."
Ce prochain album, Cormier révèle qu’il l’aimerait plus énergique et plus groove. "Les grandes artères a été fait pendant un bout 'fucké' de ma vie. Ça a donné un disque plus sentimental que celui d’avant. C’est intègre et sincère, mais ça ne bouge peut-être pas autant que ce que j’aurais envie de faire maintenant, raconte le musicien. J’ai envie d’un disque qui bouge."
Et c’est exactement l’idée qu’il avait en tête en repensant ses morceaux en vue d’une performance au Métropolis de Montréal. "Une des choses qui m’excite le plus dans le métier que je fais, c’est l’arrangement, la transformation des chansons… On a tendance à perdre un peu les pédales avec certains shows qui nous semblent plus importants que d’autres, mais il ne faut pas s’énerver outre mesure. On n’est pas en train de régler un conflit en Ukraine ou en Syrie. On fait de la musique et c’est tout. Ça me détend de penser à ça !", ajoute-t-il avec un rire franc.
Un concert animé et participatif
Après l’excellent concert de Marie-Pierre Arthur, pendant lequel il est venu interpréter avec elle, la chanson Il devant une foule en délire, Cormier est monté sur la scène du Métropolis avec une fierté manifeste. Dès les premières notes du titre Les hélicoptères, en compagnie de ses musiciens et sur le point d’être rejoints par un ensemble de dix cuivres, le chanteur a emmené les festivaliers en voyage avec lui. Ce "spectacle de poche", comme il l’a lui-même introduit au public, "ce cirque ambulant" qu’il a voulu recréer pour traduire l’idée du voyage, opérait déjà.
La plupart des spectateurs connaissaient les paroles par cœur et n’hésitaient pas à chanter avec Louis-Jean lors des moments de grande intensité (Si tu reviens, Le jour où elle m’a dit je pars). L’idée d’inviter les cuivres était excellente, comme en a témoigné la riche relecture de Tête première.
Après sept chansons tirées du dernier album, l’artiste y est allé avec une suite plus relevée de morceaux de son premier album solo, Le treizième étage, en version remaniée. Suscitant la participation du public et dialoguant régulièrement de façon tout à fait improvisée, il était comme un poisson dans l’eau. Mais le spectacle n’aurait pas été le même sans le retour sur scène de Marie-Pierre Arthur, notamment pour jouer la superbe Oublie pas, un titre de Karkwa auquel personne ne s’attendait pour boucler la boucle.
Louis-Jean Cormier Les grandes artères (Simone Records) 2015