Céline Dion, les retrouvailles parisiennes

Céline Dion, les retrouvailles parisiennes
Céline Dion sur la scène de l'AccorHotels Arena © Philippe Lopez

Retrouvailles heureuses et remplies d'émotion entre la chanteuse, marquée il y a cinq mois par le décès de son époux et mentor René Angélil, et le public de AccorHotels Arena à Paris. Neuf dates complètes jusqu'au 9 juillet et la preuve définitive que, dans les chanteuses à voix francophones, Céline a une belle longueur d'avance sur la meute.

 

Attente brûlante d'une foule déjà en émoi. Les lumières de Bercy (énoncer AccorHotels Arena, on n'y arrive décidément toujours pas) s'éteignent. L'excitation redouble d'intensité. Retranchée dans la pénombre en fond de scène, Céline Dion prononce ses premiers mots a cappella. Ceux de Trois heures vingt, la chanson d'ouverture des funérailles de René Angélil.

Elle enchaîne sur Encore un soir, sa récente commande à Jean-Jacques Goldman afin d'évoquer le lien au seuil de la mort ("Un peu de nous, un rien du tout/Pour tout se dire encore ou bien se taire/Un regard, juste un report/A peine encore, je sais, il est tard"). Elle finit le morceau la main voletant vers le ciel et reçoit sa première ovation tonitruante.

 
Puis, la chanteuse se poste devant le public pour un long aparté, le même que les autres soirs : "Je tiens à vous remercier pour vos mots, vos regards, vous sourires. Toute cette énergie, elle s'est rendue jusqu'ici. Je tiens à vous dire que les enfants et moi allons bien (…) Les larmes ont laissé la place aux sourires qui inspirent les plus beaux souvenirs. Je ne peux pas m'empêcher de penser à René".

Ces confessions intimes qu'elle ne peut s'empêcher de livrer font partie intégrante du personnage. Puisqu'il s'agit ici d'une communion, c'est nettement moins dérangeant que ses derniers épanchements en interview. Un déballage massivement considéré comme impudique, ce qui lui a d'ailleurs valu des commentaires gratinés sur les réseaux sociaux.

L'esprit de René est donc partout dans ce tour de chant plus sobre dans son décorum qu'à l'accoutumée. Rien d'innocent à ce que se suivent l'un derrière l'autre, des titres évocateurs comme Je crois toi, Qui peut vivre sans amour ?, L'immensité (pépite du répertoire écrite par Nina Bouraoui, lauréate du Renaudot en 2005), Et je t'aime encore. Offrande aussi du générique de New York Unité Spéciale, sa série préférée, en introduction d'un air extrait de la comédie musicale Starmania (Ce soir on danse à Naziland).

Un show impeccable
 
Autour d'elle, vingt-six musiciens, dont une section de cordes et une autre de cuivres, ainsi que trois choristes. Les arrangements classieux au lyrisme souvent élégant évitent la grandiloquence. La direction de Scott Price est à la fois impeccable et au service de la chanteuse. Quant à la scénographie basée sur des éclairages étincelants, des projections d'images cinématographiques ou des lampions jouant en ascenseur, elle ne met pas cette fois-ci le feu au lac.
 
Ferveur non feinte, évidemment, concernant l'hymne Pour que tu m'aimes encore, à jamais sur toutes les lèvres. Mais c'est sur Ordinaire, chanson de Robert Charlebois adaptée au féminin par Mouffe et qui figurera sur le nouvel album annoncé à la rentrée, que Céline Dion atteint des sommets d'intensité.
 
Il est difficile de rester de marbre au cours de la montée finale aussi bien éblouissante que frissonnante. Entre-temps, elle aura annoncé que les Bleus menaient au score face à l'Islande avant d'improviser une salvatrice et spontanée ambiance de stade au rythme de Seven Nation Army des White Stripes. Ziggy, délivré en piano-violons poursuit son éternel pouvoir de séduction. Et la doublette It's all coming back to me now/The Power of love offre un terrain de jeu idéal pour ses prouesses vocales.

Une conquérante démonstration de force
 

On y vient à la voix. Majestueuse et techniquement irréprochable. Ce qui scotche surtout, c'est cette capacité insolente à être constamment dans le rythme de la mélodie. Pas une note à côté. Intouchable. Personne ne peut l'attaquer là-dessus.
 
Sans faute absolu ? Aucune faute de goût ? À coup sûr son unique tenue - composée d'un costume noir et d'une chemise à dentelle dépassant de sa veste - qui lui donne des allures de Monsieur Loyal, ses mimiques très appuyées et son émotion parfois maquillée. Il ne faut pas s'attarder, non plus sur un medley acoustique peu mémorable ou sa reprise de Purple Rain trop proprette et beaucoup moins audacieuse que celle de Mathieu Chedid lors de la cérémonie d'ouverture du dernier Festival de Cannes.
 
Par contre lorsqu'elle s'empare du tonitruant Dans un autre monde et, juste avant le rappel, de The Show must go on, Céline Dion reprend sa conquérante démonstration de force. Rares sont ceux et celles qui peuvent s'y coller avec autant de maestria. Ultime tronçon d'autoroute pavé de tubes : l'inévitable My heart will go on – qu'elle dit pourtant détester – et l'envoi crève-cœur S'il suffisait d'aimer. Et All by myself, alors ? Aux abonnés absents, tout comme On ne change pas et Je sais pas. Final sur Vole, à nouveau a cappella et avec une photo où on la retrouve enlacée avec René. Il ne pouvait, bien entendu, en être autrement.
 
Site officiel de Céline Dion
En concert jusqu'au 9 juillet à l'AccordHotels Arena à Paris