Philémon Cimon, la soif de nouveauté
Samedi 16 juillet, l’auteur-compositeur-interprète québécois Philémon Cimon foulait la scène du Parc de la Francophonie, au Festival d’été de Québec, devant quelques centaines de festivaliers ayant bravé la pluie. Rencontre avec un musicien qui, peu de temps après son troisième album, mijote déjà du nouveau.
"Ce que je veux, ce n’est pas faire un spectacle. C’est jouer de la musique, tu comprends ?", résume Philémon Cimon, en faisant référence à la grande place qu’occupent la spontanéité et l’émotion dans ses performances. "Je n'ai pas envie d'être pris dans un genre de pièce de théâtre où tout est organisé. J’essaie de garder ça neuf, tout le temps. Comme dans une conversation, si tu fais toujours la même blague, ce n’est plus très drôle..."
Cette soif de nouveauté, on la remarque en suivant sa progression depuis 2005, année où le chanteur et guitariste a remporté le prix du Festival en chanson de Petite-Vallée. Elle pourrait aussi expliquer la variété des aventures entreprises : trois albums (enregistrés à Cuba et au Québec), mais également un concert-concept au Cinéma L’Amour (cinéma pornographique historique de Montréal), un projet mariant chanson et photo et même un recueil de poésie en chantier.
Même s’il est encore en tournée pour son album Les femmes comme des montagnes (lancé en France en début d’année), Philémon est prêt à aller de l’avant avec de nouvelles compositions, qu’il prévoit de commencer à enregistrer dès ce mois-ci. Les textes du disque à venir découleraient d’une réflexion sur la mort. "Je me rends compte que la thématique m’obsède pas mal. J’ai toujours cherché à l’éviter. Mais cette fois-ci, c’est le contraire, révèle-t-il. Comme l’amour, c’est un thème qui peut prendre plusieurs formes. Le sentiment de mort, de vouloir disparaître, on le fait avec l’alcool, le travail... Tout ce qui touche à échapper ou faire un deal avec la réalité, ce n’est pas si simple que ça."
Musicalement, l’album à venir s’annonce également plutôt différent : l’artiste dit s’être inspiré de la musique classique, qui faisait partie de son environnement lorsqu’il était enfant. Philémon a donc entrepris d’en étudier lui-même les structures : "J’ai eu du fun à explorer ce langage-là qui me ramenait à l’incompréhension musicale de ma jeunesse. J’en ai beaucoup écouté et j’ai décortiqué."
Manifestement enthousiaste à l’idée d’enregistrer son nouveau matériel, l’auteur de la chanson Moi j’ai confiance continuera de présenter son spectacle actuel au Québec cet été. Même si aucune date n’est prévue en France pour l’instant, il révèle avoir l’intention de retraverser l’Atlantique sous peu, après y avoir vécu des expériences de tournée très positives.
Au parc sous une pluie torrentielle
En ouverture des concerts de Louis-Jean Cormier et des Suédois Peter Bjorn and John, Philémon Cimon est venu présenter au public du FÉQ son univers pop original, habité par des chansons d’amour décalées aux textes doux-amers, souvent teintés d’ironie. Le Parc de la Francophonie commençait à se peupler sous l’averse d’abord douce, pendant que le guitariste-chanteur et ses trois musiciens (guitariste, bassiste et batteur) s’exécutaient devant une foule attentive composée d’imperméables multicolores.
Étrangement, c’est quand Philémon s’est mis à chanter Sur la ville (tiré de son plus récent album) que la pluie s’est intensifiée : "Sur la ville une pluie torrentielle/A fait plier/Les arbres de la rue/Les branches agitées en tous les sens/Ont écorché mon visage". Il a revisité plusieurs des chansons tantôt douces, tantôt plus relevées, de son album Les femmes comme des montagnes, comme Maudit, qu’il a introduite comme "une chanson de quand ça va moins bien".
Avant de terminer sa performance avec deux succès de L’été (2014), qui ont été chaudement accueillis : l’émouvante Moi j’ai confiance et l’accrocheuse Au cinéma. Un concert tout en intensité, avec de beaux moments instrumentaux, qui a pris fin sous un déluge… de pluie et d’applaudissements.
Site officiel du Festival d’été de Québec
Site officiel de Philémon Cimon
Par : Marie-Hélène Mello