Elle a 26 ans, est originaire d’un petit village de 400 habitants situé à moins de 200 km de Montréal, et vient de sortir en France un premier album réalisé en grande partie par Emily Loizeau.. En douze titres folk rehaussés de pop, Salomé Leclerc s’impose avec Sous les arbres comme la révélation québécoise de la rentrée.
Du village où elle a grandi jusqu’à ses 17 ans, et où ses parents vivent toujours, Salomé Leclerc a gardé au fond des poches des instants tannés de nature et une jolie part d’enfance. Cette enfance même qui l’a menée à la musique, dès dix ans, derrière une batterie : "Mes deux grands frères jouaient de la musique : l’un de la basse, l’autre de la guitare. Comme je les suivais beaucoup, mes parents m’ont acheté une batterie pour que je puisse jouer avec eux, et que les chansons soient complètes ! Je n’ai pas lâché."
Quand on est timide et réservée, l’instrument est idéal pour franchir "cachée derrière les cymbales et les tambours", le cap des premiers pas sur scène. Mais c’était sans compter sur son tempérament artistique, manuel, touche-à-tout. Salomé Leclerc aime peindre, travailler le bois, et s’essaie spontanément aux autres instruments, puis à l’écriture, pour présenter, à quinze ans, sa première composition à un concours.
Les concours mènent aux planches, les planches aux rencontres. Celle avec son manager actuel lui ouvre les portes des Francofolies de Montréal, alors même qu’elle ne trouve pas de travail après ses études de production télévisuelle, et n’a pas encore d’album à présenter : "J’ai eu de super belles scènes, et de beaux publics aussi, j’ai été chanceuse."
Ainsi, en 2009, elle se rend en finale du Festival International de la chanson de Granby, le plus gros concours du Québec, avant de s’envoler, forte de cette
"lancée d’adrénaline", pour la France et ses Rencontres d’Astaffort organisées par
Francis Cabrel.
"J’y ai rencontré Emily Loizeau. Le concept était d’écrire avec les autres. Mais un soir, je lui ai chanté l’une de mes chansons. J’ai vraiment senti qu’elle l’appréciait. Nous sommes restées en contact, et j’ai pensé à elle pour mon disque. Je trouvais que c’était une femme forte, et cela me plaisait de travailler avec une réalisatrice auteur-compositeur-interprète. Tout s’est fait de manière rapide et intense. Mon premier enregistrement en studio, à Paris... c’était quand même assez exceptionnel !"
De l’instinct au "paravent électrique"
Cette collaboration heureuse n’empêche pas son premier disque de lui ressembler. Dans ses chansons, le temps et les saisons s’étirent, claquent parfois comme un élastique, sans voiler tout à fait la lumière dans ses yeux, malgré la gravité de certains de ses mots.
Un trombone accompagne les notes de piano qu’elle a parfois jouées elle-même, "au feeling" : "j’y vais beaucoup à l’instinct dans la musique, je ne connais pas beaucoup de théorie". Mais son instrument de prédilection reste sa guitare, dont le son rond distille, çà et là, un parfum de blues dès lors qu’elle est sur scène.
Et, alors qu’elle n’est pas "une fille qui danse", c’est cette même guitare qui lui insuffle son énergie face au public. "C’est mon paravent électrique. On dirait que j’y vais avec ce qu’elle me propose. Si on m’enlève la guitare…"
De sa voix éraillée et claire à la fois, Salomé Leclerc nous donne à rêver ses images. "J’aime énormément les textes qui vont me permettre de faire mon cinéma. Alors je veux recréer ça dans mes paroles aussi."
Sous les arbres, il y a le feu, la glace, les mots qui réchauffent ou les souvenirs qu’on cache sous terre. La pluie tombe peut-être, le cœur cogne ou se perd, on trouve des libellules, un bouleau, un volcan sur lequel elle "dérape", même un caméléon. Et le vent, beaucoup. "Ces références au milieu naturel, c’est chez moi. J’ai hâte de voir si pour le deuxième album, ce sera ça. Je ne crois pas. Je pense que c’était comme une partie de ma vie, ma jeunesse et l’adolescence."
Salomé Leclerc Sous les arbres (Tôt ou tard/Wagram) 2012
En concert du 3 au 7 décembre 2012 à La Boule Noire à Paris
Site officiel de Salomé Leclerc
