Buridane et Céline Ollivier

Buridane et Céline Ollivier
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Au premier regard comme à la première écoute, tout les distingue, si ce n’est qu’elles sont auteurs-compositeurs-interprètes, portent les cheveux courts, et viennent de sortir leurs premiers albums respectifs. Pourtant, chacune à leur façon, dans Pas fragile et La Femme à l’éventail, Buridane et Céline Ollivier écrivent sur le même thème : la femme, les femmes, elles-mêmes ou les autres, d’introspection en observation, de doutes en certitudes.

L’une est blonde, très blonde, le cheveu en bataille et la mélodie pop, le propos aussi raisonné que son nom. Buridane vient de la danse, mais a choisi d’affirmer son identité musicale en empruntant son patronyme à Jean Buridan, philosophe français du XIIe siècle, dont on retiendra la pensée que de l’indécision, ne peuvent résulter que des méfaits. 

Sur fond de légèreté, d’envolées rythmiques parfois reggae ou ska, les guitares en avant, la chanteuse prend le parti d’aborder des sujets plutôt graves. Le timbre de voix un brin soul et éraillé, le phrasé détaché, l’intonation douce ou souriante, elle chante l’angoisse des hésitations (Parfois on recule), l’avortement (Jusqu’où petite), le besoin infini d’amour, la souffrance de la violence (Le Serment), mais aussi la nécessité d’être à la hauteur de ses espérances et le rapport souvent duel à soi-même.
L’autre est brune, la mèche savamment plaquée ou ébouriffée, a gardé son nom pour la scène mais s’est certainement inspirée des plus grands peintres (Picasso, Klimt, Gauguin, Modigliani pour ne citer qu’eux) pour donner à son disque le titre de La Femme à l’éventail.
 
C’est en chanson que Céline Ollivier (ex-membre du groupe Le Maximum Kouette) observe, de façon cinématographique, la femme. Jane Birkin Au Flore, au rythme jazz de la contrebasse, une Baby Doll, égérie Chanel déchue (qui rime avec idole comme dans Starmania). Et aussi la femme amoureuse, exclusive dans ses souvenirs comme dans sa vie de couple, mais mystérieuse lors de ses cinq-à sept. Les musiques ont des allures tour à tour folks, gainsbouriennes (Mes Adieux), ou latines, de tango en musique cubaine (A ta manière, Le Miroir, Les mots justes).
 
La Femme à l’éventail de Céline Ollivier est elle aussi duelle, se camoufle pour mieux se dévoiler, comme la femme Pas fragile de Buridane, maquille ses failles à l’abri des regards, pour mieux avancer, tout en les laissant transparaître au travers de ses mots.
Des portraits d’autrui aux leurs, ces deux nouvelles venues refusent les secrets, ne dévoilent qu’en partie les non-dits, interrogent leur lien à l’autre et à elles-mêmes, selon deux courants musicaux très différents. Deux artistes à suivre.
 
Buridane Pas fragile (Believe/Sony) 2012
Site officiel de
Buridane

Céline Ollivier La Femme à l’éventail (f2fmusic) 2012.
En concert à l’Européen à Paris le 3 décembre 2012

Site officiel de Céline Ollivier