Avec le deuxième disque de sa deuxième carrière, il fait entendre une musique entre rock et chanson française, entre jazz-rock et poésie. Un rebelle inclassable.
"Je ne tiens qu’à un fil/Mais c’est un fil d’acier/Une tresse à trois brins/Sous la plante des pieds/C’est un rail, une idée". Le fil, l’acier, l’idée, tout est là. Mais le rail… Eric Lareine est certainement, de toute la scène française, l’artiste dont la trajectoire échappe le plus à l’idée de rails et de prévisibilité. On l’avait d’ailleurs cru perdu corps et bien. Dans les années 90, ses albums Plaisir d’offrir joie de recevoir, L’Ampleur des dégâts et J’exagère avaient suscité une rumeur d’acide et d’acier, de rimbaldisme et de rock à cru. Puis il avait pris du champ. Désormais, il écrivait des spectacles joués par d’autres, il frayait avec le monde des musiques improvisées, ne participait plus à la compétition.
Par surprise, en 2010, il revient avec l’album Eric Lareine et leurs enfants après une grosse douzaine d’années de silence discographiques. On découvre un chanteur dont le chemin créatif s’est poursuivi, ce que confirme maintenant Embolie, deuxième album d’une nouvelle carrière à la confluence de la chanson, du rock et du jazz d’avant-garde.
Il est vrai que "leurs enfants", c’est une escouade de musiciens au cœur solide, sans peur du dénivelé et de la pente folle – Pascal Maupeu aux guitares, Frédéric Cavallin aux percussions, Cédric Piromalli aux claviers, Loïc Laporte à toutes sortes d’instruments à vent et à cordes…
Alors ce disque se refuse férocement à la moyenne, au médian et au consensus : murs de guitares rock, nappes jazz-rock chiffonnées, envolées ferventes de saxophone. On n’est pas loin des intentions du prog-rock historique, mais sans ses naïvetés : Eric Lareine est un musicien d’aujourd’hui, sans nostalgie et sans timidité. Cela fait un album quelque part entre le métal de Galaxie et les rêves de
Gérard Manset, entre poésie intemporelle et rage urbaine.
Eric Lareine et leurs enfants Embolie (Le Chant du Monde-Harmonia Mundi) 2012.