Christophe retrouvé
Quarante ans exactement après la sortie de son album Les Paradis perdus, Christophe offre un étrange disque miroir, un drôle de reflet d’un autre temps. Un Paradis retrouvé par la route pavée de maquettes infernales, d’inédits brûlants ou d’expérimentations bouillonnantes que le chanteur a signés entre 1970 et 1988.
Ces années-là sont celles passées au sein du label Motors fondé par son ami Francis Dreyfus, tête chercheuse dont il sera la première signature (plus tard, l’homme mettra également dans son panier Jean-Michel Jarre et Bernard Lavilliers). Leur complicité permet la naissance d’une petite dizaine d’albums peu consensuels en cette période qui autorise pourtant tout, le pire comme le meilleur, le jetable comme le mythique.
Cet album d'inédits, Paradis retrouvé, sent le cambouis et le talent. À la fois déroutant et fascinant, il est surtout un objet curieux que ne comprendront pas toutes les oreilles. Il y a les maquettes ou embryons de titres sortis, et certains d’entre eux tiennent des promesses que l’on n’avait à l’époque, pas entendues : par exemple, cette guitare déchirante sur Take A Night, disparue on ne sait comment sur la version aboutie intitulée Les Tabourets du bar (Album Pas Vu Pas Pris, 1980). Ou encore cette mélodie magique et simple de I sing for qui s’évaporera quand il faudra accoucher du magnifique Tant pis si j'en oublie (Album Samouraï, 1976).