Christophe Maé, du blues et du bleu

Christophe Maé, du blues et du bleu
Christophe Maé © J-M. Lubrano

Ça commence par un cri, son cri du cœur. Dans Je veux du bonheur, Christophe Maé veut faire "la peau à l’hiver", et retrouve les couleurs des musiques du monde qui lui sont chères. Un troisième disque aux thèmes plus mélancoliques, mais fidèle au tempérament positif du chanteur.

RFI Musique : Sur chacun de vos albums, il y a un mélange d’influences différentes de musiques du monde. Là vous oscillez entre du blues de Blanc et des percussions africaines. Quel est votre lien avec ces musiques ?
Christophe Maé : C’est que je suis un Africain blanc ! (Rire) Non… je suis entouré de musiciens qui ont ces origines-là. Quand je prends une guitare et que je commence à composer, c’est toujours ces influences qui me viennent. Ces sonorités ensoleillées correspondent à ma conception de la musique. C’est en partant à la Nouvelle-Orléans que j’ai eu le déclic pour écrire ce disque. C’est pour cela qu’on y retrouve beaucoup des couleurs cuivrées de la musique cajun et, sur un morceau comme L’Automne, de l’accordéon joué à la manière de là-bas.

Le propos est plus grave que sur vos disques précédents…
J’ai déjà beaucoup parlé de moi. Dans le premier disque, je racontais ma vie, le deuxième correspondait à l’arrivée de mon p’tit gars… Pour celui-là, j’ai vécu une belle rencontre artistique avec Mike Ibrahim, avec qui j’ai pratiquement tout écrit. Il a amené une certaine poésie supplémentaire, une profondeur dans les textes. J’avais envie de me placer comme spectateur de ce que je voyais au quotidien. Alors, j’ai fait des morceaux comme La poupée, où je raconte la vie d’une SDF qui était en bas de chez moi, avec qui j’avais pris l’habitude de parler, et Charly, qui raconte la tragédie d’une petite fille que j’ai connue, que la maladie a emporté en trois mois, à l’âge de quatorze ans. Puis, quand je suis parti en Louisiane, je me suis rendu compte de l’après Katrina*, de la réalité de ces maisons à l’abandon, complètement délabrées, de l’hécatombe que ça a pu être. J'ai voulu retranscrire tout cela dans A l’abri ; certains ont carrément déserté, tandis que d’autres sont repartis de zéro.

Il y a une collaboration inattendue avec Yodelice et Serge Lama sur Je veux du bonheur...
J’ai fait la musique avec Maxime (Yodelice, ndlr). C'est mon pote. On se voit assez régulièrement. J’avais envie d’un truc un peu rock, rentre-dedans. Pour le texte, je savais que je voulais un mantra. Je n’arrivais pas à l’écrire. J’ai appelé Serge Lama et je le lui ai demandé. Il m’a envoyé cette phrase : "Je veux de l’amour, de la joie, qu’on m’éclate le cœur d’Alléluias." J’ai adoré, je lui ai téléphoné le lendemain en lui disant que j’avais vraiment envie qu’on finisse le texte. C’est quelqu’un que j’ai croisé pendant des années aux Enfoirés. Dernièrement, je suis allé le voir sur scène, sa voix résonnait chez moi. Mon père écoutait sa musique, je suis ravi de chanter ses mots. Il fait partie de mes pères en chanson française. Sur l’album précédent, j’avais eu la chance de travailler avec Jean-Jacques Goldman. Là, Serge Lama. Ce sont des gens que j’aime, que j’admire. Et la cerise sur le gâteau, c’est que j’ai l’impression que c’est réciproque ; l’aboutissement, c’est de travailler ensemble.

Vous reprenez la bande originale de Subway** composée par Eric Serra, dans une version qui tient plus de l’hommage que de la réinterprétation. Pourquoi ce choix ?

Si It’s only mystery est sur l’album, ce n’est pas innocent. J’ai voulu la mettre sur le premier disque, puis sur le deuxième. Ça ne s’est pas fait, et là, sur le troisième, voilà ! Ça me tenait à cœur. C’est un titre que j’ai chanté pendant dix ans dans les pianos-bars. C’est mon titre fétiche, avec Revolution de Tracy Chapman. Chaque premier soir, quand j’arrivais dans un nouvel endroit, je démarrais par ce titre-là. C’était délicat pour moi de reprendre cette chanson, parce qu’on ne peut pas modifier la mélodie. Au début, j’ai essayé de me l’approprier en guitare-voix, mais ça dénaturait trop la chanson. La voix d’Arthur Simms sur l’originale est magnifique, c’est un morceau parfait. J’y suis donc resté très fidèle.

Va-t-on retrouver la couleur blues de l’album sur vos anciens titres lors de vos concerts ?

J’ai l’idée de remanier mes anciens titres dans un esprit plus cajun, avec un martin band à mes côtés. C’est encore prématuré mais je suis en train de penser la scène pour avoir un plateau circulaire afin de pouvoir aller dans le public et avoir un groupe complètement mobile. Je voudrais retranscrire cette ambiance que l’on voit dans les rues de la Nouvelle-Orléans, où la musique est omniprésente. Tout y prendra son sens, encore plus que sur l’album.

*Ouragan qui a ravagé la Louisiane en 2005
** Subway, film réalisé par Luc Besson, sorti en 1985

Christophe Maé Je veux du bonheur (Warner) 2013
En tournée en France. En concert au Palais des Sports de Paris du 4 au 20 octobre

Site officiel de Christophe Maé
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