Cette Japonaise qui a trouvé sa place à Paris s’inspire des années 80 pour faire de la pop électronique. Kitsch, drôle et franchement décalée, Kumisolo cultive une certaine idée de la chanson française et sort un EP intitulé justement, La femme japonaise.
Au départ, il y a une jeune Japonaise qui découvre Paris à l’occasion d’un séjour linguistique. Kumi Okamoto se souvient : "L’image que j’avais des Français était celle des films d’Eric Rohmer, des gens qui parlent tout le temps, très philosophes, même dans la vie quotidienne. Pendant un mois, j’ai découvert la vraie ville de Paris… et les Français sont moins philosophes que dans les films de Rohmer, même s’ils sont quand même très bavards."
Sous le charme de cette première rencontre, Kumi Okamoto regagne Paris pour étudier le cinéma à l’université Paris VIII ; elle n’en reviendra pas. Il faut dire que dans son pays, alors en pleine mode kitsch, l’étudiante a déjà cultivé une idée bien à elle de la France. Elle compose "des chansons en français sur des airs de bossa-nova". La bossa et sa guitare bègue, la langue française et son exotisme lui permettent déjà d’exprimer son goût du décalage, goût qu’elle n’a visiblement pas perdu.
Si une bonne dizaine d’années se sont écoulées depuis cet épisode, La femme japonaise, le deuxième disque cinq titres de Kumi Okamoto, alias Kumisolo, s’appuie toujours sur un chant en français avec un accent japonais à couper au couteau. Les chansons parlent sur un ton rigolo des transports en commun ou du vol dans les supermarchés bio. "Je compose d’abord mes petites mélodies au clavier et le texte vient après. Je fais la rythmique à l’arrache, et je donne ça à des copains musiciens qui maîtrisent mieux la technique que moi. C’est très 'do it yourself' comme façon de travailler." Cette fois-ci, c’est Ricky Hollywood, agitateur de l’indie pop parisienne, qui a mis sa patte sur deux chansons.
Kumisolo s’est trouvé une spécialité bien à elle, la reprise inattendue. Après avoir revisité le
Mr. Tambourine man de Bob Dylan pour une compilation de l’émission Paris Dernière, elle s’est désormais attaquée à
Victime de la mode de
MC Solaar.
"Je ne connaissais pas cette chanson. Au début, je voulais reprendre Antisocial (du groupe
Trust, ndlr),
mais on m’a dit que ce n’était pas une chanson pour moi. Je n’ai pas encore dévoilé mon côté punk", glisse la jeune femme, avec malice.
Fan des années 80
Très influencée par Elli &
Jacno et justement, par toute la scène punk en français, Kumisolo avoue sa fascination pour
"le Paris des années 80 : la scène du Palace, etc. J’aime les chanteuses françaises comme Françoise Hardy, Charlotte Gainsbourg qui chantent leurs textes. Je trouve qu’aujourd’hui, beaucoup de jeunes chanteuses essayent de faire comme les Américaines, surtout dans le r'n'b et tous les trucs qui marchent. C’est dommage", observe-t-elle.
Kumisolo revendique des goûts musicaux très larges et des "oreilles qui grandissent chaque jour". L’ancienne chanteuse du Konki Duet, trio confidentiel d’indie pop, a écumé grâce à ses amis, le Paris dans soirées électro et des labels aussi confidentiels que branchés.
Japonaise en solo à Paris, elle cultive fièrement son identité de femme japonaise. "Je ne pourrai jamais devenir Parisienne à part entière. A Paris, je pense que c’est une force d’être comme moi, une étrangère : il y a plus d’espace pour sortir mes disques."
Kumisolo La femme japonaise (EMI) 2013
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