Ludéal, dandy indolent
Ses deux premiers disques, encensés par une bonne partie de la critique, ne sont semble-t-il pas arrivés aux oreilles du grand public. L'anomalie sera-t-elle réparée avec Paon d'Or ? Encore une fois, Ludéal prouve pourtant qu'il ne manque pas d'atouts.
Jusqu'à présent, Ludéal a mis dans sa poche une presse écrite plus qu'enthousiaste ainsi qu'une poignée de fidèles. Sauf que radios et télés boudeuses n'ont pas suivi. Cela fut assez implacable pour freiner l'ascension de ce garçon peut-être trop vite désigné comme le nouveau Bashung. Effet boule de neige : une visibilité réduite, des dates de concert au compte-gouttes et un contrat rendu par sa maison de disques (Sony) à la suite de l'échec de son deuxième opus Allez l'amour.
Mais le garçon est tenace. Il livre à nouveau bataille avec un acharnement qui fait plaisir à entendre. Ne pas compter sur lui pour prendre des chemins consensuels. Ludéal défie les colleurs d'étiquettes, toujours à bonne distance des bonnes manières commerciales. L'homme-orchestre de cet album, c'est lui. Pas besoin de renforts pour larguer les amarres. "Rien ne vaut la liberté", glisse-t-il d'ailleurs en ouverture dans Chevaux sauvages, exploration des grands espaces au petit trot.
Minimal dans ses effets, ce Paon d'or séduit sans apprêt et s'apprivoise à force d'écoutes répétées. Parce que les textes ne sont pas dociles, mais abscons et à multiples tiroirs. Bien malin serait celui qui pourrait en faire l’exégèse complète. Tous les morceaux n'ont pas l'évidence imparable du Jardinier japonais, encore que même là, plusieurs lectures soient envisageables.
La richesse lexicale s'étend au vocabulaire musical, ouvert à tous les vents. Et si la nostalgie des amours enfouies a des vertus coupe-faim (L'appétit), elle n'empêche ni un romantisme ouaté (Allons-nous coucher) ni une souveraineté suprême (Après l'obus). C'est racé, soigné, faussement nonchalant et sacrément élégant. Enfin l'envol ?
Ludéal Paon d'or (Helice/Sony Music) 2014
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