Paris Combo, come-back du swing
Le dernier album de Paris Combo, Motifs, datait de 2004. Dix ans plus tard, le Combo retrouve Paris et les autres salles de France et publie un nouvel opus, 5. Une longue parenthèse qui ne semble pas avoir altéré leur joie de chanter et de swinguer. Retrouvailles avec la chanteuse de ce quintet légèrement remanié mais au talent intact, Belle du Berry.
RFI Musique : Qu’avez-vous fait depuis dix ans ?
Belle du Berry : On avait fini toute fin 2005 par une série de concerts au New Morning avec plein d’invités et puis ensuite on s’est mis sur le mode pause… Chacun est retourné à ses activités plus personnelles, ce qui est aussi nécessaire dans la vie d’artiste parce qu’un groupe, c’est très prenant. Par moment, cela empêche cette espèce de fluidité qui permet de se consacrer pleinement à d’autres projets. Donc, c’était nécessaire pour chacun de nous de prendre l’air. Le groupe ne représentait pas toujours les aspirations individuelles. C’est compliqué un groupe… C’est une espèce de machine… ce n’est pas comme, par exemple, Arthur H qui forme ses équipes en fonction de chaque disque ou au gré de ses aspirations propres. Il arrive un moment où l’on se sent un peu prisonnier. Donc on va faire un petit tour et puis ensuite quand on s’aperçoit que cela nous manque, on se retrouve avec délectation.
Il y en a un qui s’est définitivement échappé…
Oui, notre contrebassiste (Mano) s’est échappé, il s’est évadé… Ben, au bout de dix ans cela arrive. Il vit à présent sa vie de musicien parisien, mais nous n’avons plus trop de nouvelles.
Et les autres, qu’ont-ils fait pendant cette parenthèse ?
David compose des musiques pour des documentaires, comme en ce moment pour un réalisateur australien David Bradbury qui fait un docu-fiction sur la guerre du Vietnam et les jeunes australiens qui se sont battus là-bas. Potzi joue dans son circuit swing-manouche et François accompagne un groupe de western swing. Il a joué avec les Effeuilleuses et Juliette Dragon, du strip-tease burlesque.
La reprise d’activité du groupe a été marquée par un retour prestigieux : un concert au Hollywood Bowl à Los Angeles en 2011.
On était déjà en train de répéter pour un nouveau répertoire pour le nouveau disque quand ils nous ont demandé. On avait déjà joué une fois au Hollywood Bowl en 2005. Il y avait déjà eu quatre chansons arrangées pour un orchestre symphonique et là on nous demande une chanson supplémentaire et on s’est dit qu’il fallait se préparer. On cherchait une résidence de travail et le théâtre de Fresnes en région parisienne nous a accueillis. Et après, hop, de Fresnes… à Hollywood !!!
Comment le public américain vous perçoit-il ?
Pour eux, nous sommes un groupe dans lequel ils retrouvent une image de la France un peu fantasque, fantasmagorique. Nos influences, très profondes, ancrées dans le swing et aussi une certaine culture des années 30, chanson, cinéma, les séduisent. C’est un mélange à notre sauce de genres très anciens et en même temps réactualisés que le public américain retrouve. C’est l’imaginaire qu’il a de la France et de notre culture. Ça joue, il y a du jazz, de l’impro donc pour eux c’est quelque chose d’original et en même temps de très familier.
C’est assez drôle car en France, lorsqu’on a débuté, les gens, les journalistes nous demandaient pourquoi on reprenait ce style jazz manouche, néo-Django – c’était avant la vague Sanseverino et ensuite Thomas Dutronc – tandis qu’au même moment aux Etats-Unis notre musique leur semblait comme une évidence, quelque chose de naturel.
Depuis vos débuts en 1995 à aujourd’hui, l’industrie de la musique a considérablement changé. Comment voyez-vous cette évolution ?
Le milieu est un peu sinistré. Moi, j’ai vécu la fin du mouvement alternatif en tant que "post-punk". Je suis arrivée sur la fin du mouvement et aujourd’hui, j’ai l’impression de vivre une autre fin de quelque chose. On est en train de remettre en cause des choses essentielles sur lesquelles fonctionnait tout le milieu de la musique : les droits d’auteurs, la notion de gratuité, la valeur d’une œuvre, d’un disque, du temps passé à travailler, la valeur d’un artiste. On est de plus en plus dans une société où l’on prend, on jette sur un mur, si ça colle tant mieux, si cela ne colle pas ce n’est pas grave, on jette… Et encore moi, je m’en fous un peu parce que l’on a vingt ans de carrière donc on a pu profiter et faire beaucoup de choses. Mais je pense aux jeunes artistes… C’est plus inquiétant pour eux. Les grandes majors ont viré tout le monde ou presque, du coup on assiste à une profusion de petites boîtes qui essayent de vivre derrière quelques artistes, mais en fait tout le système est en train d’exploser.
Paris Combo, 5 (Cristal Records / Sony) 2014
En concert le 15 mars à Nantes, le 25 mars à Lyon, le 29 mars à Paris au Trianon et en tournée
A écouter : la session live dans La Bande Passante (28/02/2014)
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