Amel Bent, enfant de la télé

Amel Bent, enfant de la télé
Amel Bent © A.Goetghebeur

A la relance commercialement avec Instinct, cinquième album aux ambiances éclatées, Amel Bent s'est laissée porter par l'effervescence "Danse avec les stars" et peut compter sur le soutien infaillible du tube cathodique.

Ce qui frappe d'abord, c'est sa spontanéité et son débit mitraillette. Plus que jamais, Amel Bent semble bien dans ses baskets. Il semble loin le temps où elle multipliait propos insignifiants et clichés pour interviews. Au placard donc maladresses et silences gênants. La voilà qui use désormais d'un tutoiement vif, confortable et sincère. On ne peut s'empêcher de lui faire remarquer cette métamorphose. Elle justifie : "Quand on n'a pas réglé les problèmes avec soi-même, on ne peut pas se montrer au monde de la plus belle manière. Je suis plus sereine, il y a eu un grand cheminement".

Même certaines critiques concernant la pochette d'album sur laquelle elle pose nue – le buste recouvert par ses bras et ses cheveux – lui sont passées par dessus la jambe. "Je suis la reine des polémiques et pour un rien en plus. Mais je m'en fiche, je suis à l'aise avec cette pochette car il n'y a rien à voir, c'est seulement une démarche artistique. De toute façon, on en avait prévu une autre pour l'album physique".

Déclic

Le changement, c'est décidément maintenant pour Amel Bent. Et ce constat s'étend au domaine artistique. Après son opus Délit mineur qui s'est ramassé en terme comptable (10.000 exemplaires vendus), l'ancienne demi-finaliste de Nouvelle Star a pris conscience qu'elle se cantonnait au même registre. D'où un besoin vital de se remettre en question. "Je sentais que la voie que j'avais prise était de moins en moins fidèle à ce que j'étais devenue. Je ne me voyais donc pas refaire des chansons identiques. Sur Instinct, on retrouve toutes les palettes qui me représentent autant musicalement qu'humainement. Je ne voulais plus exploiter qu'une seule partie de moi".

Évidemment, sa participation probante à l'émission Danse avec les stars en 2012 a eu un effet libérateur et servi de premier déclic. Une expérience salvatrice qui lui a ouvert de nouveaux horizons. "Quand on danse sur des chansons et qu'on se sent remplie d'une espèce d'énergie, on a envie de la prolonger sur scène. Mais jusqu'à présent, je n'avais pas les morceaux". Difficile quand on est une fille d'habitude de casser ses repères et de s'inventer de nouveaux codes. Parce qu'il y a chez Amel Bent une peur d'envoyer valser ses garde-fous. "Je suis fidèle et c'est presque une maladie. J'ai l'impression de trahir les gens quand je ne bosse plus avec eux".

Rencontres

Si son fidèle parolier François Welgryn est à nouveau de la partie, la chanteuse s'est enfin ouverte à d'autres plumes. Mais sa quête principale a été d'aller à la rencontre de mélodistes de l'autre côté de l'Atlantique. "Cela n'a pas toujours été une partie de plaisir. C'est cool Los Angeles pour les vacances. Mais y aller pour chanter des chansons en français avec des gens qui ne parlent pas la langue, c'est une autre histoire. Par moments, c'était même violent. Je me suis seulement dit que ça valait le coup une fois que j'ai commencé à interpréter les titres sur scène".

Sur les routes depuis novembre, Amel Bent n'a effectivement pas attendu la sortie de l'album pour partir en tournée. Une manière de tester, en avant-première auprès du public, la popularité de ses nouveaux morceaux produits par DJ Kore : le particulièrement girly Regarde-nous, le tribal Instinct, l'ego trip R'n'B La lionne saigne, le mélancolique Les temps qui courent ("ma chanson aznavourienne"), l'éclaté Quand je danse avec Ne-Yo ou le mouvant Gemini qui louche du côté de chez Lady Gaga...

Ces derniers temps – et même lorsqu'elle n'a rien à défendre – Amel Bent n'en finit pas de squatter les plateaux télé. Loin d'être une corvée, elle s'en délecte. C'est sa nourriture. "Je suis née à la télévision et j'ai besoin d'y évoluer. Dès qu'il y a une émission où il faut faire une reprise, on m'invite. Ce qui est drôle, c'est que lorsque je ne suis pas de la partie, ma famille s'en offusque. J'adore m'approprier la chanson de quelqu'un d'autre. Les producteurs savent que je suis un 4x4. Et puis, je m'amuse en télé, c'est comme si j'étais dans le salon avec les copines. Souvent je désinhibe les autres, je crée une forme de camaraderie". Au cours de l'entretien, elle aura aussi montré une photo de sa mère en terrasse à Marseille, causé de sa passion pour le cinéma asiatique et des propositions qui affluent pour jouer la comédie. Qui a dit qu'elle n'avait qu'une seule philosophie ?
Amel Bent, Instinct (Sony Music France) 2014
Actuellement en tournée en France
Site officiel d'
Amel Bent 
Page Facebook d'Amel Bent