Klô Pelgag, sensation québécoise

Klô Pelgag, sensation québécoise
Klô Pelgag © B. Paillé

Avec L'alchimie des monstres, album de pop orchestrale en éventail, Klô Pelgag, jeune Québécoise décomplexée, impose un style fantasque et imagé qui confine au panache. À coup sûr, elle fera causer d'elle au Printemps de Bourges le jeudi 24 avril, ainsi que dans de nombreuses contrées francophones.

Il y a des disques qui immédiatement suscitent un amour inconditionnel. Comme une impression de les avoir toujours attendus. L'alchimie des monstres est de ceux-là. C'est d'autant plus scotchant que ce premier essai est signé par une jeune fille de 24 ans. Et elle ne manque d'idées ni de personnalité, Klô Pelgag.

Un pseudo ? Pas vraiment. Il s'agit juste du diminutif de son état civil, à savoir Chloé Pelletier-Gagnon. Elle est timide au quotidien, mais ça ne s'entend pas dans ses chansons. Le contraste est d'ailleurs saisissant en concert où ses extravagances contagieuses rappellent celles de sa compatriote et aînée, Diane Dufresne. "Sur scène, je vais dans les coins inexplorés de mon cerveau. C'est l'endroit où je suis le plus à l'aise. Dans un restaurant ou dans une discussion, je suis plus consciente des limites de la société. Donc je me contrôle davantage".

Rêveuse par autodéfense durant une adolescente solitaire, elle nage à contre-courant dans son petit village de Gaspésie. "Je me retrouvais dans pas grand-chose, j'avais du mal à trouver ma place. Pendant longtemps, j'ai vécu avec les mêmes personnes et on ne partageait pas les mêmes centres d'intérêt".

Plutôt que de faire des bulles douillettes dans sa chambre, Klô Pelgag s'est alors réfugiée dans la littérature. Elle dévore l'œuvre de Boris Vian et éprouve un choc émotionnel à la suite de la lecture de L'écume des jours. Et se remet au piano tout en suivant parallèlement des cours d'arts, de lettres et de théâtre. "Je suis ensuite partie à Montréal, il y a quatre ans, pour une école de cinéma. Mais c'était plutôt pour ma culture personnelle que pour devenir réalisatrice. J'avais déjà un très grand penchant pour la musique".

Une énergie espiègle

Le constat ne souffre d'aucune discussion : cette fille-là a trouvé sa vocation. Dans cet album à l'énergie espiègle, Klô Pelgag aligne des chansons à la fois éclatées et solaires qui n'obéissent qu'à sa propre logique. "J'ai toujours eu beaucoup d'imagination. J'essaie d'avoir une approche qui tend à sublimer la réalité". Il y a chez elle, une fraîcheur de ton emballante, une écriture vive, décalée et inventive. Quoi d'autre ? Des morceaux denses, pleins de piano, de cuivres, de cordes et même d'une flûte à bec (Nicaragua).

Il s'avère ardu de faire l'exégèse des textes tant la Québécoise ne nous donne pas toutes les clés de son univers. Seulement sait-on qu'il est question de deuil, de maladie, d'absence. "Elle est partie en leucémie/Elle a laissé tous ses livres, elle est partie vivre en chimiothérapie/ C'est un nouveau pays..." chante-t-elle dans le troublant La fièvre des fleurs. Ce n'est ni pesant ni morbide.

Klô Pelgag navigue entre ombres et lumières pour échapper à toute forme de sentimentalisme. "Certaines chansons sont nées presque inconsciemment. J'écris pour me faire du bien, pour expulser des choses. Il y a souvent aussi un rapport au corps, je fais un peu une fixation là-dessus". Une obsession qui n'est pas isolée puisqu'elle a commencé également à faire son petit inventaire en forme de bestiaire (Taxidermie, Le mariage d'oiseaux). "Je n'ai pas encore totalement exploité le sujet. Je pense que je vais en reparler". En attendant, on ne s'étonnera donc pas qu'elle reprenne sur scène Pégase de Thomas Fersen...
Klô Pelgag L'alchimie des monstres (Zamora Productions / L'Autre distribution) 2014
Concerts : le 24 avril à Bourges et en tournée en France et au Québéc.
Site officiel de Klô Pelgag
Page Facebook de Klô Pelgag