Dick Rivers garde la banane

Dick Rivers garde la banane
Dick Rivers 2014 © Y.Orhan

Au risque de se répéter, il ne faudrait ni le ranger aux oubliettes ni le réduire à sa banane ou à sa paire de santiags. Cela fait plus de cinq décennies que Dick Rivers est dans le circuit et celui-ci se montre toujours aussi aventureux. Pour cette nouvelle livraison intitulée sobrement Rivers, il a laissé à nouveau les manettes à Oli le Baron et a notamment fait appel aux plumes de Francis Cabrel et Joseph d'Anvers. Rencontre.

RFI Musique : Qu'est-ce qui vous fait encore courir ?
Dick Rivers : La bonne musique, les concerts, le contact avec le public. Je passe ma vie aussi à rencontrer des gens nouveaux et passionnants. Cela m'enrichit beaucoup. Je cours quelque part depuis maintenant cinquante-trois ans pour obtenir le plus de reconnaissance possible. 

L'envie est-elle toujours intacte ?
Bien sûr. Je suis un éternel débutant. Chaque fois, il faut que je m'autosurprenne par le choix des chansons, par ma manière d'interpréter, par la qualité de la production. Ce sont ces choses-là qui me font avancer.
 
Est-ce qu'on peut considérer ce disque comme étant dans la lignée du précédent Mister D ?
En mieux, j'espère (rires). Oli le Baron, le réalisateur du disque, est comme moi : c'est un éternel insatisfait. A partir du moment où il avait fait Mister D, la suite se devait d'être dans la même veine, mais encore plus originale.
 
Un retour aussi très marqué aux sonorités country-rock...
Ce n'est pas prétentieux de dire ça, mais c'est mon son ! C'est très français de mettre dans des cases. Je suis tombé dans cette musique quand j'étais petit. Donc pour moi, c'est naturel. Le contraire serait anormal. Je suis né à l'école américaine et mes racines sont le rock, le blues, la country et le bayou. Et comme c'est la musique aussi du Baron, on ne se pose pas ce genre de questions.
 
Pourquoi Oli le Baron a-t-il écrit également une grande partie des textes ?
Il m'a surpris, il écrit vachement bien. Le Baron est un studio ambulant à lui tout seul. Il sait déjà avant que je pose ma voix comment sera la chanson finie. Il travaille à mon service. Quand il fait les textes, c'est dans toujours dans mon optique et parce qu'il pense que c'est bon pour moi. J'ai une confiance presque aveugle à son encontre.
 
Collaborer avec Francis Cabrel, cela peut paraître surprenant sur le papier ?
C'est mon plus vieil ami ! Ce qui est surprenant, c'est qu'il écrive rarement pour quelqu'un d'autre que lui. On a fait une tournée ensemble en 1990 qui s'appelait Le rock'n'roll show et dans laquelle on chantait tout, sauf nos chansons. Il m'a toujours considéré comme le meilleur chanteur français de rock. Je suis allé faire les maquettes chez lui à Astaffort. La chanson Le rôle du rock, il faut la prendre au deuxième degré.
 
Vous avez l'art de savoir vous entourer. C'est vous qui êtes en demande ?
Je ne demande jamais rien. Tous les gens avec qui je travaille ou avec qui j'ai travaillé - cela va de Mathieu Chedid à Benjamin Biolay en passant par Mathieu Boogaerts ou Joseph d'Anvers - ce sont des rencontres. Ce n'est pas moi qui ai pris mon téléphone. Je pense que ces artistes-là m'aiment et me respectent comme chanteur.
 
Comment vous est venue l'idée de reprendre Les rois serviles de Georges Moustaki ?
C'est grâce à Jean-Claude Ghrenassia, le fils d'Enrico Macias et qui était un des patrons d'EMI. Il voulait travailler avec moi et on avait commencé à faire avec un guitariste, des essais sur des reprises. Je suis tombé sur cette chanson de Moustaki que j'ai immédiatement adorée. Le projet n'a pas eu de suite, mais j'ai mis cette chanson de côté ainsi que O Marie de Daniel Lanois. Donc j'ai dit au Baron au moment où on a réfléchi aux chansons que je voulais faire ces deux-là.
 
Estimez-vous être reconnu à votre juste valeur ?
Hélas non. Mon personnage l'est, mais pas ma musique. En France, on a toujours le cul entre deux chaises. D'un côté, il faut être populaire et de l'autre branché. C'est un peu pénible.
 
Êtes-vous un homme sans âge ?
Pour le moment oui...Je touche du bois (rires). Physiquement, je n'ai pas trop de problèmes. Il y a juste quelques années où je ne monte plus à cheval parce que j'ai peur. Or avant, je m'en foutais. Sinon je fais à peu près les mêmes conneries que lorsque j'avais quinze ou vingt ans.
 
Votre look, c'est un calcul?
Pas du tout. Je me sens bien dans des santiags, je ne vais quand même pas porter des baskets alors que ça me gonfle. Je suis naturel, je suis "verydick" comme dirait mon ami Antoine de Caunes.
 
Jaloux de ne pas faire partie du groupe Vieilles canailles (Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Jacques Dutronc) qui se produira plusieurs soirs en Bercy en novembre ?
En aucun cas. C'est un problème d'enfance. Je n'ai jamais fait partie de cette bande-là. Ce sont des copains et cela bien avant d'être célèbres. Pour moi, ce ne sont que des relations. J'aurais été une pièce rapportée. Ce n'est pas musical leur truc, c'est presque social.

Dick Rivers Rivers (Verycords) 2014
Site officiel de Dick Rivers
Page Facebook de Dick Rivers 
A écouter : la session live dans La Bande Passante(13/05/2013)