VioleTT Pi, excentrique débridé

Il est un cas à part, loin du folk qui inonde actuellement le marché de la Belle Province. Un cas à lui tout seul, libre de jouir sans entraves, brûlant de sueur, de fun et d'un souffle libérateur. Comme beaucoup de ses compatriotes, Karl Gagnon - alias VioleTT Pi - a glané ses premiers points aussi bien critiques que publics lors du Festival international de la chanson de Granby. Pour lui, c'était en 2009.

Après un EP qui se distinguait déjà par son envergure sonore, eV élargit encore les perspectives expressives de sa musique dingo. Ce cerveau bouillonnant joue la carte de l'électricité débridée et de la fougue à tous crins. Pas de ligne droite chez lui, mais des chemins sinueux, riches en recoins mouvants. Une pop éclatée capable d'embrasser dans un même élan le grunge, le funk, la noise, le metal, la chanson ou l'électro.

Cela va vite, cela se bouscule, cela multiplie les ruptures rythmiques à l'image de Petit singe robot qui s'ouvre par une harpe délicate avant de bifurquer vers une frénésie dansante. Extrêmement riche et varié dans les textures et les rythmes, ce disque offre un plein filet de surprises. Alors, bien sûr, c'est parfois tape-à-l’œil, et épuisant sur la longueur. Mais c'est aussi étourdissant, communicatif, et hors des sentiers battus.

Des textes foutraques, érotiques, décalés. Des effets vocaux jusqu'à plus soif, avec des inflexions aiguës qui rappellent -M-. Dans l'univers de VioleTT Pi, on croise un dentiste attaché pour l'empêcher de souffrir (Marie Curie), un cannibale inquiétant (Jeffrey Dahmer au musée d'art contemporain). On se promène aussi dans un jardin de rhubarbe (Fleur de Londres). Et personne ne s'étonnera de retrouver Klô Pelgag, sa "blonde" au quotidien, sur l'halluciné La clown triste. Connexion parfaite entre deux doux déjantés créatifs.

VioleTT Pi eV (Let artist be) 2014
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