Louis Bertignac, l'invitation américaine
Trois ans après un opus furieusement électrique qui faisait la part belle aux guitares, Louis Bertignac, chanteur décomplexé, s'éparpille légèrement dans un nouvel album éclaté, Suis moi, et dans lequel les textes auraient mérité plus de hauteur. On ne le suit donc cette fois-ci qu'avec réserve.
Les émissions de radio-crochet - que d'ailleurs l'ex-membre de Téléphone connaît bien puis qu'il fut un des jurys de l'émission de télé The Voice - le répètent jusqu'à plus soif : pour être un artiste à part entière, il faut un univers. Là-dessus, Louis Bertignac n'a plus rien à prouver. Chez lui, une constante autour de la gent féminine, de l'amour et des guitares.
Pas de grand changement à l'horizon ici. Juste remarquera-t-on que les riffs sont moins saignants et fougueux que sur Grizzly... (ça c'est vraiment moi), son précédent album qui l'avait réconcilié avec son public initial. Il n'empêche qu'à nouveau, le chanteur à la soixantaine tapante, jongle avec l'histoire du rock, se promène entre Aerosmith (Sûr de t'aimer), AC/DC (Embrasse-moi) et inévitablement, les Rolling Stones (Mes icônes). Il va même jusqu'à célébrer sa plus fidèle alliée, la Gibson SG Junior dénichée en 1974 aux États-Unis (Confidences de ma Junior).
En appelant l'ingénieur du son/ producteur Patrice Cramer et des musiciens américains de haut vol à la barre, Louis Bertignac tente d'ouvrir les fenêtres d'un monde mélodieux. Et s'il y parvient avec élégance sur les ballades (T'en fais pas et Je dis oui en duo avec Mélanie Laurent), il tombe parfois dans le patchwork foutraque (Minilou, Le pouvoir de dire non).
Plus assurée que jamais, la voix prend des allures de conquêtes. Mais elle est annihilée par des textes manquant de consistance. Les rimes faciles (Je vois que tu déprimes/Que tu manques d'endorphine/Moi j'ai un très bon plan/ Mieux qu'un médicament) ou quasi automatiques (De Bangkok à Rio/ On ira danser/D'avions en hélicos/ Le monde à nos pieds) confèrent à certaines chansons un goût de yaourt tiède. Une écriture davantage imagée et poétique n'aurait vraiment pas nui à cette évasion américaine.
Louis Bertignac Suis-moi (Polydor) 2014
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