Les bonnes vibrations d'Arthur H

Arthur H © L. Mercier

Il sort à peine de deux spectacles sur la poésie antillaise et la poésie érotique que déjà Arthur H nous revient en solo avec Soleil dedans. Pour cet album américain, imaginé à Montréal, dans l’ouest des États-Unis et à Paris, monsieur Higelin (fils) alterne entre évanescences psychédéliques, chansons pop rigolotes mais pas que, et bien sûr, cette sensualité qui lui colle aux cordes vocales.

RFI Musique : Avec ce nouveau disque, le soleil a rendez-vous avec la face cachée de la lune…
Arthur H : Voilà, j’ai convoqué tous les éléments, la galaxie, les planètes, la terre, une symphonie totale… (rires) Plus sérieusement, la chanson L’autre côté de la lune s’est transformée en clin d’œil à Pink Floyd. Au départ, j’avais juste la formule On the dark of the moon. J’ai essayé en français et en anglais. En anglais, ça sonnait bien et puis ça évoquait quelque chose d’assez mystérieux.

Pourquoi ce titre, Soleil Dedans ?
C’est une image qui m’est apparue, que je n’ai pas trop choisie. Puis en réfléchissant, je me suis dit que c’était bien parce qu’un soleil dedans, c’est un soleil qui va tout le temps. Il n'y a pas de nuages devant : il est intérieur, il brille toujours. Pour moi, la joie ou le bonheur ne dépendent pas du monde extérieur, mais du monde intérieur. Donc, ce soleil dedans, ce soleil intérieur, on peut ne pas le voir parce qu’on est submergé par nos problèmes, mais on peut toujours y revenir assez facilement.  

Vous avez composé et enregistré entre Montréal, les États-Unis, et Paris. Quelle est la place de la pop anglo-saxonne et du rock américain pour vous ?
Malheureusement, ils sont prédominants. Du coup, le français a une vraie carte à jouer là-dedans, parce que si tout le monde se met à faire de la musique américaine et à chanter anglais, toutes les musiques vont se ressembler et ce serait triste. L’influence de la musique américaine est tellement forte qu’elle doit nous inspirer pour être nous-mêmes, avec notre propre sensibilité, nos propres mots. Cela dit, que ce soit Bob Dylan ou toute la musique noire américaine, il y a beaucoup de gens libres là-bas et, plus on est libre, plus on est inspirant.
 
C’est François Lafontaine, le clavier du groupe de rock Karkwa qui a co-réalisé cet album et le songwriter Patrick Watson fait une apparition sur Le Tonnerre du cœur. Qu’est-ce que ces musiciens québécois ont apporté à votre disque ?
François m’a apporté sa folie. C’est un très bon musicien de la scène de Montréal qui joue à peu près avec tout le monde. Il y a de très bonnes choses qui se font là-bas en ce moment, Marie-Pierre Arthur, Ariane Moffatt, plein de trucs comme ça... Quant à Patrick Watson, je l’ai rencontré à travers Lhasa*, parce qu’avec Patrick, on était un peu les deux petits frères de Lhasa. Je l’ai souvent croisé chez elle. Et puis quand on a fait cet hommage à Lhasa, il y a deux, trois ans au Rialto (ndlr : un théâtre de Montréal), ça a vraiment été un moment extraordinaire. Il y avait tous les amis, toute la famille, toute la troupe qui a travaillé avecLhasa et donc le groupe de Patrick Watson. J’ai joué avec eux et puis j’ai vu que j’étais de la même famille qu’eux. C'étaient des musiciens qui me comprenaient et que je comprenais, il y a eu quelque chose de très sensitif. J’ai eu envie de jouer avec eux sur ce disque parce que je fais partie de cette famille-là.
 
A propos de votre écriture, on a l’impression qu’il y a cette fois des refrains très simples qui ressembleraient presque à des slogans...
Un refrain, ça peut être très simple, très mémorisable… (Hésitations) J’essaie de faire des chansons très simples et de mettre toujours deux ou trois textes qui sont plus proches de la poésie que de la chanson. J’ai eu la chance de faire deux spectacles avec un musicien que j’aime beaucoup, Nicolas Repac, sur la poésie, L’or noir et L’or d’Eros. L’or noir était un projet autour de la poésie des Antilles francophones et de Haïti, qui a un côté très sensuel, très spirituel, très émotionnel. Ça m’a marqué et j’ai essayé de retrouver ces sensations en écrivant mes chansons. 
 
L’or noir, L’or d’Eros et puis ce nouvel album, vous n’arrêtez jamais ! Est-ce que ça participe d’une nécessité économique liée aux changements de l’industrie musicale ou à un intense désir créatif ?
Les deux en fait. C’est complètement lié. Moi, je ne vends pas énormément de disques, donc, j’ai besoin de gagner ma vie. C’est une occupation assez précaire, on peut dégringoler de la colline très rapidement, on peut aller très haut et puis très bas. Mais je suis d’abord pris par le désir créatif de me rapprocher le plus près possible du cœur des mots, des sons, de créer une vibration que je partage avec les gens. Il y a vraiment un côté cercle, on est au milieu de la vibration et cela nous nourrit, ça nous fait du bien. C’est pour cette raison que je fais plein de projets : j’essaie toujours de trouver des angles plus précis, plus proches du cœur du son et de l’émotion, afin pouvoir la partager après.
 
*Chanteuse américano-mexicaine décédée en 2010
Arthur H Soleil dedans (Polydor) 2014
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