Coralie Clément ne lâche pas l'affaire

Coralie Clément ne lâche pas l'affaire
Coralie Clément © DR

On a cru à tort qu'elle avait disparu définitivement des radars. Sept ans après Toystore, Coralie Clément s'émancipe de son frère Benjamin Biolay, aux commandes de ses trois premiers albums. Elle prend la plume pour livrer La belle affaire, un disque personnel, pop, séduisant et qui tourne autour de la séparation. Rencontre.

RFI Musique : Pourquoi un si long intervalle entre Toystore et ce disque 
Coralie Clément : Cela peut paraître long sur le papier. Mais après Toystore, j'ai tourné un an et demi. Puis en 2011, j'ai eu une petite fille et je me suis consacrée à elle tout en commençant à écrire. S'occuper d'un enfant toute la journée et jongler avec le studio prend donc plus de temps. Je n'avais pas de contraintes et surtout pas de maison de disques.

Cette maternité a-t-elle provoqué un changement chez vous ?
J'ai eu une vraie révélation. Cela m'a permis de grandir et d'évoluer très rapidement. Mon frère Benjamin Biolay a fait mes trois premiers disques et j'avoue que c'était d'une facilité déconcertante. Ce n'était uniquement qu'un travail d'interprète. C'était un plaisir, mais j'avais besoin ici de dire certaines choses. Des chansons, j'en écris depuis longtemps régulièrement. Sauf que je ne me sentais pas prête. Le fait d'être mère m'a libérée d'une certaine pression. L'avis des autres compte désormais moins qu'avant.
 
Le regard d'autrui était-il à ce point paralysant ?
J'avais très peur du jugement. Là si on n'aime pas mon disque, cela m'attristera parce que tout me fait de la peine. Mais j'aurais un recul différent. Ma fille est ce qui a de plus important au monde. J'ai perdu beaucoup de temps dans ma vie personnelle à me préoccuper de choses qui n'étaient pas essentielles.
 

Reprendre le nom de Biolay vous a-t-il traversé l'esprit ?
J'étais interprète jusqu'à présent donc c'était comme dans un film où je jouais un personnage dans ma tête. Donc j'y ai pensé ici un bref instant, mais je pense qu'après trois disques, on m'aurait taxée d'opportunisme. On m'a dit de ne pas le faire notamment pour l'étranger où je vends pas mal de disques. Il y a une période où ça a beaucoup mieux marché pour moi au Japon qu'en France.
 
Avez-vous ressenti le besoin de vous affranchir du frère ?
Ce n'était pas du tout un besoin, mais une évidence. Benjamin travaille énormément, il est toujours pris. Il y a quelque chose de très particulier entre nous : on a effectivement travaillé dix ans ensemble. J'ai appris mon métier à ses côtés, mais on ne parle pas de ça. C'était tellement naturel.
 

Il est indirectement présent sur cet album puisque vous reprenez A la longue, morceau qu'il chantait en duo avec Chiara Mastroianni sur l'album Home...
C'est une de mes chansons préférées. J'ai eu envie de la refaire revivre parce qu'elle est passée inaperçue à mon goût et Benjamin a accepté. Cet album est une merveille. Il a quelque chose de très féminin. Sur scène, je la chantais déjà.
 
Quel est votre rapport à l'écriture ?
Ce qui m'intéresse, c'est d'écrire comme si c'était un scénario à chaque fois. Je ne conçois pas la musique sans les images. Je m'inspire beaucoup de films. Là, j'ai regardé toute la filmographie de Sofia Coppola. Et j'ai eu un flash : je me suis dit que cette nana-là avait tout capté et c'est la seule réalisatrice qui est capable de filmer parfaitement la solitude.
 
Il est question d'amours qui meurent, de rupture, de fuite en avant... L'humeur était-elle à la mélancolie ?
Évidemment, c'est sur ce que je vivais à ce moment-là. En l'occurrence, j'étais en pleine séparation. C'était très compliqué pour moi. Je suis issue d'une famille où mes ascendants sont toujours ensemble. Et j'avais la naïveté de penser que ça m'arriverait aussi. Ça a donc été difficile à assumer. Mais tout n'était pas si noir ou si dur que je le raconte.
 
D'où aussi ce contraste avec des mélodies plus lumineuses ?
Dans les textes, je n'ai eu aucune limite tant que ça ne frôlait pas l'impudeur. Mais musicalement, je voulais quelque chose de léger, frais, voyageur. Thomas Coeuriot, qui a arrangé et réalisé le disque, me connaît très bien puisqu'il m'a accompagnée sur scène auparavant. Il sait ce que j'aime au niveau des instruments et le mot d'ordre, là, était "guitare baryton". L'idée était donc de mélanger cette mélancolie avec de la légèreté.
 
Pourquoi avez-vous repris Mon amie la rose de Françoise Hardy ?
C'est le point de départ du disque. On m'avait demandé de faire une chanson pour une pub où il fallait parler de rose. Je n'avais aucunement l'intention d'écrire là-dessus. Je suis fan au dernier degré de Françoise Hardy. Du coup, je leur ai proposé ce titre. A partir de ce moment-là, on a eu le fil conducteur de l'album.
 
Vous venez aussi de sortir Iris & Lou, un livre/CD pour enfants. Une démarche de mère ?
Ma fille s'appelle Iris. Mon amie Gesa Hansen, qui eu une petite Lou deux mois après, a fait le design de l'album ainsi que les illustrations. On a remarqué toutes les deux qu'il n'y avait rien pour les tout petits. Ma fille a parlé très vite et un jour j'écoutais Benjamin qu'elle adore. Elle m'a sorti le "merde" de la phrase "La vie merde est trop courte". Là je me suis dit qu'il fallait que je lui fasse écouter autre chose (rires).
 
Coralie Clément La belle affaire (Naïve) 2014
Site officiel de Coralie Clément
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En concert le 11 décembre au Café de la Danse à Paris.