Salomé Leclerc, saisissante de maturité

Salomé Leclerc, saisissante de maturité
Salomé Leclerc © DR

On n'avait pas pu passer sous silence il y a deux ans l'avènement d'une chanteuse chargée de promesses. Avec 27 fois l'aurore, Salomé Leclerc, Québécoise de 27 ans, confirme les espoirs placés en elle en se renouvelant de manière plus que probante. Pourvu que le public français succombe désormais à son charme.

La valeur, dit-on, n'attend pas le nombre d'années. L'adage est peut-être éculé, mais il s'applique sans conteste à Salomé Leclerc dont l'approche musicale refuse déjà confort et banalité. Le premier contact avec cette Québécoise au visage poupon s'est fait en 2012 avec Sous les arbres, album folk qui passionnait instantanément les sens.

Forte d'une critique enthousiaste, elle aurait pu se contenter pour son deuxième essai d'une variation sur le même thème. Sauf qu'ici, elle évite brillamment la redite. La rupture n'est pas radicale, plutôt subtile entre éther et électricité, belle conduite pop et incursions à angles aigus. Salomé Leclerc trace donc une nouvelle piste vers des horizons possibles, révèle des paysages sonores aussi paisibles que mouvementés. Et s'engouffre avec son complice Philippe Brault dans la profusion des teintes.

Ses désirs d'ailleurs, Salomé Leclerc les traduit par une volonté de convoquer notamment synthés, guitares, cuivres, batterie électronique et acoustique. Sans luxuriance malvenue, les arrangements sont davantage imprévus, les entrelacs et rythmes plus complexes, la mélancolie plus chaleureuse.

C'est un album d'automne aux couleurs crépusculaires que seuls quelques moments de lumière viennent égayer. Les textes, sensibles et métaphoriques, embarquent dans leurs beautés ("Nous sommes des cages/L'icône du naufrage/ Des saisons de passage"). Dès le remarquable Arlon, on est happé dans les plis tourmentés de cet opus construit comme une longue fugue.

Voix éraillée et vibrante, Salomé Leclerc préfère la tension à l'urgence (En dedans), la sensualité à la brutalité (Vers le sud), se promène dans de faux calmes (Les chemins de l'ombre), glisse un piano-voix peuplé de fantômes charnels (Un bout de fil) et fait preuve d'une science rythmique indomptable (Le bon moment). De très beaux lendemains assurément pour cette auteure-compositrice-interprète aventureuse.

Salomé Leclerc 27 fois l'aurore (Tôt ou tard) 2014
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A écouter : la session live dans La Bande Passante (27/10/2014)