Akhenaton le Samouraï

Akhenaton le Samouraï
Akhenaton © DR

Une fois encore, Akhenaton effectue une belle échappée hors d’IAM, pour sortir un cinquième disque en solo, intitulé Je suis en vie : un album inspiré par la vie du samouraï Musashi, teinté de sagesse, de lâcher-prise et de tous les combats du rappeur.

Une lecture, essentielle, impulse son énergie au cinquième album solo d’Akhenaton : celle de La Pierre et le Sabre d’Eiji Yoshikawa, monument de la littérature populaire japonaise, qui narre les aventures de Musashi (XVIe-XVIIe siècle), l’un des plus célèbres samouraïs du pays du soleil levant. Au fil des interviews accordées aux médias, le rappeur marseillais raconte : "Un jour, après cinquante duels, et cinquante personnes tuées, Musashi se retrouve sur un pont à Kyoto le matin, il regarde la rivière, la citadelle, les oiseaux, la lumière qui commence à éclairer les montagnes autour, et il dit "je suis en vie". Le souffle d’existence passe par l’observation des choses simples, et la conscience de soi-même dans l’univers".

Autour de cet ouvrage, par la force de cette image, Akhenaton construit son disque, une fulgurance, imposée par le tempo de son label Def Jam, en pleine sortie de l’opus d’IAM. En avril dernier, il n’avait pas le moindre mot, pas la moindre note. Une fois les craintes initiales envolées, il relève le défi, trace des lignes, bouillonne de sève créatrice. En résultent dix-neuf pièces sorties des tripes, 1h17 de musique empreinte de sagesse, de paroles ciselées, parcourues d’un souffle épique.
 
Riche, l’album prend la forme d’une quête initiatique, d’un périple métaphysique, lorsqu’il chante le Tempus Fugit inaugural, inspiré de Virgile, Deuxième Chance, qui évoque les trains de l’existence, ceux que l’on attrape, ceux qu’on laisse filer, Je suis en vie ou encore Mon Texte le Savon Part III… Le chemin se fait plus intime, au gré de ce titre, émouvant et juste, dédié à sa fille, Souris, Encore, dans les allusions à sa grand-mère (Immacolata)… A la musique, enfin, il lance des odes : ce seront les breakbeats jazz, façon old-school de Sooo Bad ; un hommage à James Brown (Jjjames) ; ou J’aime le rap et le rap m’aime.
 
Surtout, dans ce disque à la carrure zen, à l’âme soul-jazz, cet opus que l’on pourrait qualifier "de la maturité", le rappeur n’oublie pas non plus ses combats. De sa plume, à la grâce de ses mots affûtés, il fait mouche, pourfend les injustices, la déliquescence sociale (Même les anges), s’insurge contre l’omnipotence de l’argent et le grand capital (A part les €, Vrai missile…), tacle les réactionnaires et autres racistes de tous poils, déchaînés dans les médias, sur les réseaux sociaux (Little Brother is Watching you, etc.)
 
Sur ses scratchs, avec quelques featurings (REDK, Shurik’n, Cut Killer, Faf Larage, etc.), sur une musique pas toujours convaincante (le bémol de ce disque généreux), Akhenaton prouve, une fois encore, à 46 ans, qu’il garde le cap de ses révoltes, maintient intacte son intégrité, avec un véritable code d’honneur… Un homme debout.
 
Akhenaton Je suis en vie (Def Jam) 2014
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