Thomas Dutronc, élégance éternelle
Éternels jusqu’à demain est le troisième album en huit ans pour Thomas Dutronc. Un album plus pop que les deux précédents, mais aussi moins ironique, plus sincère. Élément d’explication ? Notre éternel jeune homme vient d’avoir quarante ans…
Séduisant. Élégant. Résolument pop. Éternels jusqu’à demain, troisième album de Thomas Dutronc, marque une aimable pause avec ses racines musicales. Pas une rupture : l’enfant de Jacques Dutronc, de Françoise Hardy et de la guitare manouche n’abandonne pas totalement cette dernière. En témoignent Archimède et Minuit moins le quart, deux titres aux mélodies accrocheuses où se marient agréablement les arpèges énervés de la guitare en bois et la voix de Thomas, étonnamment proche, sur ces morceaux-là, de celle de son père…
Avec cet album, Thomas monte ainsi d’un cran vers l’émotion et la sincérité. En un mot, il commence à s’y dévoiler, appuyé, grâce à Jon Kelly, sur une britpop classe, parfois un peu teintée de country, où les guitares, souvent électriques, se taillent la part du lion. Le tout pour raconter neuf clins d’œil amoureux et effectuer deux reprises. Allongés dans l’herbe, le premier single, est un tube parfait. Mélodie prenante, rythme nerveux, scénario plaisant : un petit couple regarde de loin un déjeuner de mariage. On y entend surtout des arrangements musicaux inédits chez Thomas, quelque part entre la country de La Maison Tellier et un picotement pop post-Pulp…
Quelques plages plus loin, en revanche, Chez les yé yé reprend avec justesse Gainsbourg-1963 : Lola/ Lolita est toujours là mais, cette fois-ci, elle vogue sur le champagne, les tamtams et Da Doo Ron Ron… Une légèreté espiègle, dans la lignée de l’interprétation magique qu’en a faite Étienne Daho en 1985. Une légèreté qui convient bien mieux au personnage et à la voix de Thomas Dutronc que les souvenirs tragiques d’Aragon en 1956…
Sans doute en réponse au plaisant Qui je suis arrive, pour clôturer en beauté l’album, Je n’suis personne, émouvant duo avec Jacques Dutronc : un morceau faussement pessimiste destiné, à l’origine, au prochain album de son père. Je n’suis personne fournit aussi la clef de l’aimable oxymore que constitue le titre de cet album, en se terminant par ces mots : "J’crois plus au ciel/ J’passe mon chemin/ Je suis éternel/ Jusqu’à demain"… Chapeau bas, les artistes !