Ariane Moffatt, à la bonne heure

Sorti au printemps dernier au Québec, 22 h 22, son cinquième album a donc fait un bout de chemin alors qu'il arrive chez nous. Cet automne, "Ariane" est l'une des artistes les plus nominées pour le Gala de l'Adisq (les Victoires de la musique québécoise) qui aura lieu le 8 novembre prochain, rappelant l'importance d'une génération de trentenaires qui, à l'image de Pierre Lapointe, a renouvelé une chanson pop exigeante et se retrouve aujourd'hui dans le jury de La Voix, la déclinaison à grand succès d'audience du télé-crochet The Voice.

 

Cette voix, souvent maquillée d'effets, c'est justement ce qu'on retient ici. Qu'elle joue de sa fêlure ou fasse des entrelacs, Moffatt a l'art et la manière de lui donner un côté vaporeux, charnel. Comme sur Retourner en moi, l'un des moments les plus forts de ce disque, tout est dans la suggestion et même le sens des mots reste mystérieux. Le retour à soi est-il lié à l'hiver ? Au désir ardent de fuites ? À un dépit amoureux qu'il faut noyer dans les nappes de claviers et de machines ?

 

À l'opposé de ça, la chanteuse qui avait déjà traité de thèmes délicats comme l'avortement ou pris des positions politiques claires par le passé, dit son scepticisme religieux dans Toute sa vie et crie avec Les tireurs fous, son rejet de la violence. Album le plus électro d'Ariane Moffatt, 22 h 22 est aussi l'album le plus clairement ancré dans son époque. On appelle cela grandir ou bien regarder le monde tourner.

 

En concert le 10 décembre à la Gaîté Lyrique, à Paris.

                                                                                                                                                                

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