Patrick Fiori et altri, une renaissance corse
Un cri d'amour pour la Corse et sa culture. Voici ce que nous apportent aujourd'hui, à l'initiative de Patrick Fiori, trente artistes, continentaux et corses mêlés. Un disque de duos, Corsu Mezu Mezu, pour un voyage à travers tous les états de la chanson corse.
Patrick Fiori, dès qu’il parle de Corsu Mezu Mezu, fait penser au personnage de Guantanamera, l’immense succès cubain aux mille versions : "Yo soy un hombre sincero"… Dès qu’il évoque cet album aux trente artistes, Fiori apparaît pour ce qu’il est : un homme sincère, enthousiaste, chaleureux. "Tous ces artistes, corses et continentaux, m’ont régalé, sourit-il. J’avais l’impression d’être un jeune garçon. C’est par ma mère que j’ai connu le répertoire corse. Elle écoutait les chansons de son île et moi, je lui demandais : 'Maman, c’est quel groupe ?' J’avais les oreilles grandes ouvertes et tous ces morceaux m’ont influencé. Je dois sans doute aux voix corses mes choix ultérieurs de chanteur."
Un album militant ? "Tout dépend du sens que l’on donne à ce mot, reprend Jean-Claude Acquaviva d’A Filetta. C’est un pari osé que de faire chanter en corse et avec des Corses, une grande partie de la meilleure variété française… Ça, c’est militant. Patrick voulait jeter un pont avec la Corse. Lui et nous avons toujours défendu des valeurs de partage, de justice, d’équité."
Corsu Mezu Mezu est présent depuis vingt ans dans le cœur de Patrick Fiori : "Je parle corse. J’y allais souvent en vacances. Je voyais tous les spectacles de ces chanteurs, je les aimais. Et eux me parlaient de Cabrel, de Zucchero… Côté continent aussi, j’entendais un discours positif. Mais je sentais qu’il fallait casser les codes. Ça a mis longtemps. Le disque est là. Tous ces grands artistes ont embarqué sans me poser de questions…"
A l’origine de l’origine, nous trouvons U Babbu, le père de la nouvelle génération corse : Antoine Ciosi, né en 1931 à Sorbo, à l’orée de la Castagniccia. On entend sa voix grave sur l’album, où il tient la place éminente du narrateur : "C’est un homme qui sait raconter des histoires, s’enthousiasme Fiori. Il aime la vie, le théâtre, les gens. C’est un des premiers insulaires à avoir tendu la main à ceux qui venaient de la mer, à chanter en corse et en français. C’est lui qui a fait mûrir cette idée de duos en moi. Il a réussi à me donner l’émotion du partage."
Un partage que Patrick Fiori connaît depuis sa naissance. Lui aussi est "corsu mezu mezu" : un enfant de Marseille, de mère corse et de père arménien. Attendons alors sereinement, peut-être, un jour, un album de duos franco-arméniens…