La bonne étoile des Sœurs Boulay
Les Soeurs Boulay, 2015.
© J.Joly/E.Bissonnette
Complices depuis toujours, mais duo musical depuis quelques années seulement, les auteures-compositrices-interprètes Stéphanie et Mélanie Boulay lancent au Québec 4488 de l’Amour, un second album rempli de chansons accrocheuses, douces-amères et d’une sincérité touchante. Rencontre avec RFI musique.
Assises côte à côte dans un café du Plateau-Mont-Royal, les Sœurs Boulay semblent tout à fait en paix à la veille de dévoiler leurs nouvelles créations. Elles qui, il y a bien peu de temps, ont été parachutées dans l’industrie musicale, remportant un succès auquel elles ne s’attendaient pas.
Oui, elles ont décidément une bonne étoile. Le proprio de leur appartement (car en plus d’être sœurs, elles sont colocataires) le leur a d’ailleurs dit récemment : "Je ne sais pas qui veille sur vous, mais il fait bien sa job en maudit !" Ceci les amuse, mais il va sans dire qu’elles doivent aussi cette "chance" à tout l’apprentissage et au travail accompli au cours des trois dernières années.
"Ça va peut-être sembler ésotérique, dit Mélanie, mais j’ai le feeling qu’on est à la bonne place au bon moment, qu’on a fait les choses de la bonne façon, et que tout va bien aller." La brune chanteuse raconte avoir eu exactement le même sentiment, il y a quelques années, alors qu’elle et sa sœur se rendaient dans leur Gaspésie natale pour donner un concert. C’était avant leur premier album, à l’époque où elles n’avaient encore que quatre compositions en poche.
"Steph conduisait et je lui ai dit : ‘Park le char ("gare la voiture" ndlr), il faut que je te parle. Je ne sais pas si tu le sens, mais il va se passer quelque chose. On va jouer devant des gens. Ils vont aimer ça. On va partager quelque chose ensemble et on va signer avec un label’". Stéphanie confirme avoir eu cette même certitude, au même moment. Et c’est exactement ce qui est arrivé : le duo ne s’est plus jamais arrêté.
Le début d’une grande aventure
Depuis leur victoire au concours musical Les Francouvertes (2012), les Sœurs Boulay ont à peine eu le temps de comprendre ce qui leur arrivait. De précieux collaborateurs se sont portés volontaires pour participer à l’aventure, parmi lesquels plusieurs musiciens polyvalents (les "hommes-pieuvres", comme elles aiment affectueusement les surnommer), qui sont toujours à leurs côtés. "On aime les collaborations à long terme. C’est une histoire de famille ! ", affirment-elles, en partageant un gâteau au chocolat. "En veux-tu un morceau ? " Et oui, pourquoi pas ?
En peu de temps, elles ont lancé Le poids des confettis sur un label reconnu, raflant les prix les plus prestigieux. Une longue tournée québécoise et quelques incursions en Europe ont ensuite été organisées. Alors, qu’est-ce qu’on fait après? On voyage. L’hiver dernier, Mélanie est partie deux mois en Inde ; Stéphanie, au Costa Rica. Une pause méritée et nécessaire.
"On avait un rêve : faire de la musique", se remémore Stéphanie, en pensant au tourbillon qui a suivi la sortie du premier disque. "On y mettait vraiment toute notre énergie et on a atteint ce qu’on voulait, gagner notre vie en jouant des chansons. Puis on s’est rendu compte que certaines choses avaient été un peu abandonnées. "
L’artiste s’interrompt pour obtenir l’approbation de sa sœur avant de poursuivre : "On a tellement travaillé et tout donné, qu’on s’est senties un peu seules après. C’est difficile de faire de la place pour les amitiés et les relations amoureuses quand t’es toujours partie. On a eu besoin de racines et je pense qu’on les a maintenant. "
4488 de l’Amour
Après la grande tournée, le repos et leur voyage respectif ont été bénéfiques. Peu après leur retour, les Sœurs Boulay ont créé 4488 de l’Amour en rassemblant les chansons accumulées ; certaines dataient d’avant le premier album, d’autres avaient été écrites en tournée, ou à la "super dernière minute juste avant d’entrer en studio". Des chansons d’amour, d’amitié et de racines, justement.
Si on reconnaît très bien leur signature –des chansons guitare-ukulélé-voix simples mais efficaces, de magnifiques harmonies vocales, et des textes sans faux-fuyant–, l’univers sonore s’est diversifié. Agissant pour la seconde fois à titre de réalisateur d’album pour les Sœurs Boulay, Philippe Ba cette fois ajouté une panoplie de nouveaux instruments. Avec une parcimonie judicieuse, prenant soin de ne pas dénaturer le style des artistes.
Stéphanie n’est pas peu fière du résultat. "Il a donné à l’album une couleur un peu étrange sans trop que ça paraisse. Je pense que les oreilles fines vont sentir les couches en dessous, mais…" Mélanie prend le relais : "… ça ne dérange pas l’oreille moins avertie. La voix et les guitares restent en avant-plan. Mais quand tu portes attention, tu entends les flûtes à bec, l’orgue, la guitare électrique, les petites percussions exotiques."
Les musiciennes citent en guise d’exemple les chansons Alexandre, Fais-moi un show de boucane et Jus de boussole (écrite par Stéphane Lafleur, du groupe Avec pas d’casque), toutes trois bien différentes de ce qu’elles avaient imaginé. "Si quelqu’un m’avait dit un jour que j’aurais une chanson avec des trompettes de mariachis, je ne l’aurais jamais cru ! " Et elles rient comme… des sœurs.
Les Sœurs Boulay 4488 de l’Amour (Grosse boîte) 2015
Par : Marie-Hélène Mello