Avec Toujours un ailleurs, l’Indonésienne Anggun, infatigable globetrotteuse, à cheval sur trois continents, sort un album en français, aux accents voyageurs : un disque pop-world dans lequel se croisent notamment son ami Florent Pagny, l’écrivain David Foenkinos, ou encore le tube de Maxime Le Forestier, Né Quelque Part. Selon sa créatrice, ses pistes devraient susciter des rêves d’évasion salutaires. Suivons-les.
Avec ses cheveux noirs de jais interminables, ses yeux en amande, sa démarche gracieuse, chaloupée, qui traîne en son sillage le parfum suave des îles, l’Indonésienne Anggun Cipta Sasmi ("la grâce créée dans un rêve", en javanais), se drape d’infinis voyages. Amazone apatride, la chanteuse évanescente, trilingue, vit à cheval sur trois continents.
Née et grandie sur son archipel, la sirène débarque à la conquête de Paris à l’âge de 20 ans, puis s’installe à Montréal... Avec la force lumineuse de l’évidence, ses trajectoires multiples éclairent son dernier disque : Toujours un ailleurs, un titre qui lui ressemble…
L’Ailleurs, ce jardin secret
La chanteuse forge ainsi son identité au fil des aventures, des chemins empruntés.
"Le voyage m’a construite, avoue-t-elle ainsi.
Loin de vos repères, de vos habitudes, vous vous retrouvez vous-même : dans ces endroits où rien ne sonne familier, où l’air se charge de saveurs inconnues, où la chaleur même du soleil se pose, différente… Dans ces endroits étrangers, vous faites connaissance avec vous-même."
L’Ailleurs, dans la genèse de l’artiste, ne saurait pour autant se recentrer sur la seule distance géographique. Anggun élargit : "Il représente cet endroit, cette personne, cette idée, cet objet, vers lequel se réfugier pour fuir le quotidien : un jardin secret, un sentiment qui appelle, et apaise, un point de mire salutaire, une échappatoire, dont il faut toujours, dans un coin de sa tête, conserver les lignes". Au gré de petits "riens" échangés, de discussions informelles nées de sessions en studio, se dessine donc cet Ailleurs d’Anggun, mis en mot, sur le titre éponyme, par l’écrivain David Foenkinos.
Naître quelque part
Pour créer cet Ailleurs, réalisé principalement par Frédéric Château, intégralement chanté en français, il faut aussi un point d’ancrage. L’Indonésienne reprend alors le tube de
Maxime Le Forestier, inscrit dans les mémoires collectives :
Né Quelque Part. Elle explique :
"Au même titre qu’Imagine
de Lennon, cette chanson reste un monument incontournable, sur nos appartenances à un coin de terre, et nos infinis départs. Aujourd’hui, ce titre n’a pas pris une ride, et il résonne plus encore avec les problèmes de réfugiés que rencontre l’Europe…"
Pour redonner vie sous d’autres couleurs à cette chanson, Anggun s’allie avec une autre artiste, une guerrière tempétueuse, au charisme irrésistible, la Béninoise Angélique Kidjo. Ainsi la décrit-elle : "Je la connais depuis quinze ans. Je l’aime profondément, pour son être, sa manière de chanter, sa bonne humeur contagieuse... Tout en elle transpire la féminité, la force, la générosité !"
Car l’amitié constitue, elle aussi, l’un des points cardinaux de cet Ailleurs : en témoigne ce titre,
Nos Vies Parallèles, interprété en duo avec le complice
Florent Pagny, sur des accords et harmonies bien balancés, signés Yuri Buenaventura, et des mots qui incarnent les plaines de Patagonie. Anggun raconte :
"Florent m’a aidée, il y a 20 ans, à effectuer mes premiers pas d’artiste en France. Et depuis, il reste avec force dans mon paysage. Notre amitié se pare d’absences, dues à nos existences respectives à des milliers de kilomètres. Mais cet éloignement ne ternit en rien la puissance de notre amitié".
Beauté du monde et engagement
Tel un carnet de voyage, les Ailleurs d’Anggun se déclinent ainsi, dans ce disque pop-world, teinté d’influences qu’elle qualifie d'"exotiques" : sonorités sud-américaines, celtiques, japonisantes, récits d’évasion. "Des sons, des émotions, des histoires, qui dépaysent", dit-elle.
Et puis, au creux de ces voyages, de ces périples, naît cet amour, cette conscience, cet engagement pour la sauvegarde de la nature, ou l’aide aux déshérités. Ainsi, dans A Nos Enfants, cette maman d’une petite fille de huit ans s’insurge contre les injustices, et les aberrations du monde, qui risquent de laisser aux générations futures, une planète déficiente.
Anggun, lauréate du World Music Award 2014, immense star en Asie, suivie tous les jours par un milliard de téléspectateurs pour sa participation comme jurée à Asia’s Got Talent, profite de sa notoriété, pour défendre de nobles causes. Cette ambassadrice de bonne volonté de l’ONU, marraine de l’association La Voix de l’Enfant, explique : "Il m’est plus facile, sous les projecteurs, de passer mes messages."
Peu après son interview avec RFI Musique, Anggun s’envole d’ailleurs pour une opération humanitaire à Madagascar. Toujours entre de multiples avions, la chanteuse, pétrie de bienveillance, souhaite partager avec son public son goût des escapades : "J’espère que mes chansons – de vrais moments de vie – donneront envie à mes auditeurs de voyager, de s’évader, d’écouter des histoires, de s’adapter à l’Autre, d’apprendre des langues, et de conserver, après toutes ses expériences, de sublimes échos, de magnifiques souvenirs."
Anggun Toujours un Ailleurs (TF1 Musique) 2015
Site officiel d'Anggun