Dalton Telegramme, un vent d'Ouest

Dalton Telegramme, un vent d'Ouest
© J.Mcgroarty

Précédé d'une rumeur avantageuse et dans la foulée de nombreux festivals écumés, Dalton Telegramme effectue le grand saut avec Sous la fourrure. Dans le premier album du groupe belge, on y croise tous les totems de l'americana. Et comme l'écriture se révèle également percutante, l'envol a de l'envergure.

De la sueur, des faux calmes, de la cavalcade, de l'adrénaline. Des chansons qui avancent à tombeau ouvert, d'autres qui sollicitent l'accalmie. Les portes du saloon s'ouvrent, les esprits s'échauffent. Dalton Telegramme entre dans la danse, dégaine sa large panoplie et lance les hostilités.

Le quatuor liégeois, formé en 2010, avait envoyé des premières balises convaincantes (les EPs La planque et La cavale). Le voilà transformant l'essai avec brio. Il est donc ainsi possible de plonger dans la Meuse et de respirer en même temps, la poussière du désert. Parce qu'inutile ici de tergiverser : le Far West fascine Dalton Telegramme.

Pas de coup d’œil trop appuyé dans le rétroviseur. Sous la fourrure sonne frais, vivant, spontané, lumineux. Grâce à un remarquable sens des arrangements, rien ne s’apparente à de l'exercice de style. Il s'agit d'une chevauchée libre et décomplexée où la batterie trottine, le banjo s'affiche sans complexes, comme la guimbarde et la mandoline.
 

Exalté, intense ou apaisé, le groupe slalome effrontément entre la folk, la country, le bluegrass et le blues. Aux manettes, le décidément inspiré Seb Martel (-M-, Camille) qui avait déjà sévi dans un registre assez similaire avec Saule - un autre Belge - ouvre le champ des possibles.
 
Mais là où Dalton Telegramme surprend, c'est dans la greffe presque inespérée entre chanson française et musique américaine. Une écriture à la fois rusée, élégante et mordante. Des textes qui manient habilement une langue à la Nino Ferrer et dans lesquels il est souvent question de romantisme blessé ou trahi.
 
Pour le caustique Je t'ai jeté, les Dalton fantasment même des intentions vachardes ("Je t'ai poussé du sommet de la tour de Pise/ Mais ce n'était pas assez haut/ Et dans les lagunes de Venise/Il n'y a plus d'assez d'eau..."). Ce disque fait un bien fou. Un peu d'air frais dans les mots et les grands espaces.

Dalton Telegramme Sous la fourrure (L'autre distribution) 2016
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En concert au Pan Piper à Paris le 2 mars