Bénabar

Bénabar

Depuis Infréquentable (2008), Bénabar avait mis entre parenthèses sa carrière d’auteur-compositeur-interprète du quotidien pour se consacrer au cinéma, puis au théâtre. Il revient aujourd’hui avec Les Bénéfices du doute, un sixième album studio déconcertant, où les cuivres ont disparu pour faire la part belle au banjo et à l’harmonica.

Des premières notes pop rock, des guitares en pagaille plutôt country, voire même bluegrass… Oubliées les sonorités de fanfare, place à la variété au sens large ! C’est en effet à vingt ans de paysage musical français que Les Bénéfices du doute de Bénabar nous ramènent, de Jean-Jacques Goldman (Quelle histoire) à Noir Désir, quand s’immisce dans La Phrase qu’on n’a pas dite une pointe de reggae façon Le Vent nous portera.

Une curiosité musicale qui ne déplairait pas, si elle ne restait dans l’ombre de la voix. Mais ici, le chant, particulièrement en avant, met en lumière des textes qui dans l’ensemble déçoivent, avec moins d’humour (sauf peut-être sur Les Râteaux) et de bons et beaux mots qu’à leur habitude.

Car si Bénabar marche sur les traces de Renaud en s’essayant plus ou moins heureusement à la chanson contestataire (L’Agneau, Politiquement correct), et en empruntant même parfois jusqu’aux intonations du chanteur (Perdre la raison, Alors, c’est ça ma vie !), n’est pas incisif et poète à la fois qui veut !

On retiendra pourtant deux jolies réflexions, l’une sur la nature humaine, qui rappelle que les gens monstrueux sont des gens ordinaires (Différents), l’autre sur le temps et la vie qui passent (Moins vite). Et même un moment de grâce, avec Les Mirabelles, une chanson sur l’absence, dédiée au comédien disparu Jocelyn Quivrin. Un disque qui porte bien son titre en somme.

Bénabar Les Bénéfices du doute (Jive Epic) 2011

En tournée en France. En concert au Zénith de Paris du 22 au 24 mars 2012