Carmen Maria Vega, addicte à la scène

Carmen Maria Vega, addicte à la scène
© julien weber

L’explosive Carmen Maria Vega a le don de dompter la scène comme peu de ses consœurs. Lancée sur les routes depuis plus de six ans, la jeune chanteuse vient de célébrer le tournant rock de son futur deuxième album, avec un concert triomphal à la Cigale le 8 décembre dernier. Rencontre avant le déluge, dans les loges du théâtre parisien.

Ces dernières années, difficile de passer à côté du phénomène Carmen Maria Vega. Cette jeune Lyonnaise de 27 ans, charme latin envoûtant mais caractère en acier trempé, s’est frayée une place dans la chanson grâce à une personnalité pour le moins volcanique. Son credo : la scène, encore et toujours. La chanteuse et ses musiciens comptent plusieurs centaines de concerts depuis leurs débuts en 2006 dans les petits cabarets lyonnais, comme autant de coups de poings pour forcer le destin.

En ce mois de décembre 2011, Carmen Maria Vega s’apprête cette fois à monter sur la scène de la Cigale, deux ans après une prestation mémorable ici même. "Je suis hyper stressée, avec le froid qui revient, avoue-t-elle. Ma première Cigale, je l’ai faite avec 41°C de fièvre ! Autant dire que je ne me rappelle pas du concert, mais seulement d’être resté allongée pendant six heures dans ma loge !"

Depuis leur premier album paru en 2009, Carmen et son groupe ont sillonné la France sans relâche. Après une pause de quelques mois, le temps d’enregistrer le second album début 2011, les voilà repartis sur les routes, comme un aveu d’impatience. "Cette pause a été bénéfique, à un moment où nous étions arrivés au bout de notre spectacle, de mes personnages, de nos vieilles chansons, explique-t-elle. Travailler en studio a été super agréable, sauf que je m’ennuie très vite sans la scène. Après quelques semaines, j’étais déjà impatiente de repartir. Du coup, on se retrouve à faire la Cigale sans nouvel album, et à terminer le disque la veille !"

Tournant rock

Opportunément baptisé Du Chaos naissent les étoiles, le prochain disque à paraître en 2012 se fait l’écho de cette période tourmentée, où la chanteuse-comédienne a laissé tomber le masque. "J’ai vécu une sorte d’enfer, de chaos sans nom. Je ne voulais plus me cacher derrière des personnages, j’avais envie de faire du rock, du constat social, de changer toute la scénographie, se souvient-elle. Comme je ne suis pas très bonne pour m’expliquer, il m’a fallu du temps, notamment pour convaincre mes musiciens de se costumer comme je le voulais. Ils ont fini par céder, il y a deux jours !"

Pour la jeune femme, la transformation douloureuse s’avère aujourd’hui payante sur scène. "Ce tournant rock me va tellement mieux, je me sens beaucoup plus libre qu’avant." Du côté des nouvelles "influences", Carmen Maria Vega refuse toute étiquette, mais deux noms reviennent à chaque fois : les Clash, et Iggy Pop. "Je suis fascinée par le corps, et par ceux qui s’expriment sur scène avec leur corps", explique-t-elle. En France, ses frères et sœurs d’armes se nomment Loïc Lantoine, Claire Diterzi, Mathias Malzieu ou Olivia Ruiz. Des "gens de scène", à la personnalité très affirmée, à son image.

Une Cigale en ébullition

20h30. Les lumières s’éteignent et c’est une Carmen transfigurée qui se présente sur les planches, devant une salle comble. Rouge à lèvre écarlate, pantalon de cuir noir, cheveux courts gominés et regard malicieux, voire menaçant. D’emblée, l’artiste provoque, malmène avec humour un auditoire parfaitement complice.

Légèrement remaniée avec le passage du contrebassiste Alain à la guitare électrique et l’arrivée d’un bassiste, la formation dirigée par Max Lavegie est désormais clairement orientée rock. Les anciens titres (Hiérarchie, La Menteuse) côtoient de nombreuses nouvelles chansons du prochain album, plus électriques et revendicatives.

Parmi les réussites à l’applaudimètre, citons le classique Soldat et sa rengaine d’amour perdu, ou l’accrocheur On s’en fout, et ses saillies anticonsuméristes qui déclenchent l’hilarité générale du public : "Se balader en hummer/Avec une tête de vainqueur/Aussi riche qu’un footballeur"

Et soudain, à mi-concert, la surprise impeccablement orchestrée de la soirée. Mathias Malzieu rejoint sur scène la diablesse brune, pour un duo tout en bonds et gesticulations autour d’une vague histoire de félins. La performance vocale du chanteur de Dionysos laisse à désirer, mais le public, pris par surprise, acquiesce.

La température ne redescendra pas jusqu’à la fin du concert et son dénouement en forme d’effeuillage, visiblement attendu par une partie (masculine ?) de l’audience. Très réussie, cette soirée à la Cigale prouve que Carmen Maria Vega reste un parfait antidote à la sinistrose ambiante.

Carmen Maria Vega Du chaos naissent les étoiles (album à paraitre début 2012)