Dominique A

Quintette à vent et orchestre rock s’accordent autour de cette heure de déambulation appelant au détachement et à l’élévation, notamment sur Le convoi, une ballade longue de neuf minutes homériques. La tournerie rock "dominicaine" s’enrichit de ces instruments du classique et a des effets cathartiques. Le propos y est paisible, pictural, pas cynique pour un kopeck, limite premier degré comme dans Vers le bleu, une ode à la bienveillance du narrateur face au mal être de son frangin.

Le Nantais nous avait habitué à un lyrisme plus rêche et détonant. La guitare rock ne chôme pourtant pas et s’envole sur Close west, "une de mes seules chansons autobiographiques, sans nostalgie aucune, avec un regard un peu dur, une musique plus offensive…" avoue le chanteur à propos de ce "ouestern" breton où la mobylette de 50 cm3 aurait remplacé la Harley.

Vers les lueurs est un trésor harmonique d’une beauté discrète qui mêle les arrangements de David Euverte et le quartet indie pop habituel. "J’avais déjà utilisé du hautbois et de la clarinette sur Remué. Pour cet album, il faut y voir une volonté du moment."

Dominique A glisse vocalement sur ses cartes postales panoramiques avec des mots qui percutent car complètement en phase avec notre quotidien : "j’observe partout et je note dans tout un tas de carnets : je les collectionne, un par chanson… Un très vieux téléphone et un enregistreur mp3 m’aident aussi à ne jamais rien louper." Ex-chantre du minimalisme pop, Dominique A s’étoffe et ne devrait pas louper sa rencontre avec le (grand) public. Contre un arbre, le titre introductif, peut l’y aider.