Philippe Barbot, amour des chansons, chansons d’amour
Critique musical renommé, Philippe Barbot sort Point barre, premier album en tant qu’auteur-compositeur-interprète, avec un beau casting de collaborations et des influences mi-rock, mi-"frenchy".
Parfois, un nouvel artiste n’est pas tout à fait nouveau. Ainsi le premier album de Philippe Barbot, Point barre, n’a pas le statut du premier essai d’un post-adolescent en devenir. Journaliste de l’hebdomadaire Télérama, il a été pendant des lustres un des critiques musicaux les plus respectés en France – c’est dire s’il ne manque pas de goût, c’est dire s’il est attendu au tournant…
On repère facilement les meilleures influences (Neil Young période Harvest, Innocents époque Post Partum, Alain Bashung, l’éternelle chanson des rues française…) mais aussi une singularité incontestable, une petite musique extrêmement personnelle et tenace. Car Philippe Barbot sort peu de la chambre à coucher : il ne s’intéresse qu’à l’amour, son infini nuancier, ses ivresses, ses arêtes, ses gouffres, ses vallons, ses îles désertes… Et, alternant gouaille lettrée et tension rock, il explore ce territoire en s’y dévoilant lui-même peut-être plus sûrement qu’il ne dévoile les mystères de l’amour.
Et, qu’il soit orthodoxement rock, plutôt folk ou joliment java, Barbot domine toujours la forme qu’il aborde. Il a bien su s’entourer : le multi-instrumentiste Scott Bricklin, Fred Pallem du Sacre du Tympan, Dominique Cravic des Primitifs du futur, l’accordéoniste Daniel Colin ou même Robert Wyatt au piano pour une chanson… On remarque aussi une belle intervention de la chanteuse AnnCardona sur un très habile duo.
Philippe Barbot chante de très près, sans chercher d’effets superflus et toujours soucieux de lisibilité. Ses chansons y gagnent en unité et en limpidité, sans que jamais son charme ne devienne indiscret et ne dilue le propos. On pense parfois à un Randy Newman janséniste, à un Yves Montand rédimé par Johnny Cash, à un entre-deux décomplexé entre grands maîtres américains et chanson française post-brélienne.
Si l’on connaissait le Philippe Barbot critique, on n’est pas surpris. Le bon goût, vous dit-on…
Philippe Barbot Point barre (sortie digitale le 30 janvier, en prévente sur iTunes) 2012
En concert au Sentier des Halles à Paris les 31 janvier, 14 février et 6 mars 2012
