Un 14 juillet aux Francofolies de La Rochelle

Un 14 juillet aux Francofolies de La Rochelle
Stromae, Francofolies de La Rochelle 2014. © B. Brun

Les Francofolies se sont achevées sur un 14 juillet festif et un feu d’artifice. Le phénomène Stromae, un Gaëtan Roussel survolté, Renan Luce, Frànçois & the Atlas Mountains ou encore l’excellent Pierre Lapointe auront participé au bouquet final de cette 30e édition. Pas de doute ici, c’était bien La Rochelle !

La rumeur s’élève sur le parking Saint-Jean d’Acre et la foule scande : "Ici, ici, c’est La Rochelle ! Ici, ici, c’est La Rochelle !" Cette année, le cri de ralliement du club de rugby local est devenu un hymne pour les spectateurs et un passage – presque – obligé pour tout groupe ou chanteur qui s’est aventuré sur la grande scène des Francofolies. "Si mon GPS parlait comme ça…", devait lancer Renan Luce. Placé en milieu de soirée, le chanteur et ses historiettes sur des airs de western ont été comme un pont entre deux rives.

Tandis que la chanson sera passée par tous ses états ce 14 juillet, il y a bien eu un avant et un après Renan Luce. Avant, le lyrisme élégant de Pierre Lapointe et les transes de Frànçois & the Atlas Mountains, après, la cohabitation improbable de Gaëtan Roussel et de Stromae, qu’on ne présente même plus tant son explosion relève du phénomène. A La Rochelle, pas de fresque murale comme au Printemps de Bourges mais les organisateurs ont poussé la capacité de la grande scène Saint-Jean d’Acre au maximum et cette venue a indubitablement pesé dans les records de fréquentation (92 000 entrées payantes).

Titiller les spectateurs

"Chouchou des Francofolies de Montréal" et star dans sa belle province, le Québec, Pierre Lapointe a présenté en plus du concert électrique de lundi, un autre concert plus intime dimanche matin. Chroniqueur à la radio française tout cet été, Lapointe a titillé de son ironie mordante les célibataires, demandé au public de crier sous peine "de mauvaise publicité à Montréal". Si le public français a largement découvert le chanteur en piano-voix depuis toutes ces années, on aimerait incontestablement voir le costume doré plus souvent accompagné.

Revenu pour la première fois à La Rochelle depuis une tempête qui l’avait empêché de jouer en découverte voici deux ans, François Marry (alias Frànçois & the Atlas Mountains) a lui amené ces Francos du côté de l’indie pop. Passé par Londres avant de revenir jouer en France, le jeune homme a intégré la culture africaine en exil et ramené de ses voyages des percussions, comme les crotales gnaoua. Sa machine à "claps", un instrument placebo dont il se sert pour faire taper le public dans les mains, est une étrange percussion ficelée avec trois bouts de bois.

De l’électro dans les oreilles

Celui pour lequel chaque spectateur était venu, c’est bien entendu Stromae. Ce qu’il y a d’impressionnant avec le belgo-rwandais, c’est qu’il est si populaire que la moitié du concert pourrait être un karaoké géant. Formidable, Ta fête, Tous les mêmes et surtout Papaoutai défilent et alors, on chante. A l’image de Jean-Louis Foulquier, le père fondateur des Francofolies qui avait promu "la variété au sens noble du terme" (dixit le rappeur Akhenaton, dimanche soir), Paul Van Haver ouvre dans sa musique de nouvelles portes : hommage à Cesaria Evora, clin d’œil au son cubain ou à la rumba congolaise. Stromae, ça fait "boom-boom", oui, mais pas que.

Devant l’ampleur du phénomène, que pouvait donc faire Gaëtan Roussel, si ce n’est se démener comme un beau diable ? Survolté et arpentant la scène en long et en large, c’est précisément ce qu’a fait le chanteur de Louise Attaque, accompagné par une formation tournant autour des percussions et de deux choristes. Glissant une version technoïde de J’envisage de Bashung, et largement tourné vers l’électro, celui qui avait repris l’an passé tout le disque Play Blessures du duo Bashung/Gainsbourg a encore avancé sans trop se soucier des vents contraires.

Là-haut, sur le portrait noir et blanc qui habille un gradin posé sur la grande esplanade, Jean-Louis Foulquier a le sourire. Pensait-il seulement ce 14 juillet 1985 qu’à 30 ans, ses Francofolies auraient ce visage ?

Site officiel des Francofolies de La Rochelle