Printemps de Bourges 2012

Printemps de Bourges 2012
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Daniel Darc et sa noirceur, une ambiance d’entre deux tours pour la 36e édition du Printemps de Bourges qui se tient jusqu’à dimanche 29 avril. Rfi Musique a pris la température dans la ville berrichonne.

C’est un petit homme fragile qui sort de scène en plein concert à cause de "sa trouille" et parle autant qu’il chante. Alors que le 36e Printemps de Bourges a pris son véritable envol jeudi 26 avril en dépit d’une pluie persistante, Daniel Darc a surpris tout le monde par l’intensité d’un concert aux allures d’exorcisme. Attitude de rockeur dur derrière ses lunettes noires, démarche chancelante, Darc a chanté le chaos de son existence, les amis disparus et a nargué une fois de plus le destin fracassé qui lui était promis. "Quelles drôles de vies que nos vies suspendues aux larmes", déclame le monsieur, annonçant le ton de ses chansons.

Pendant le temps qu’il sera resté sur scène –une bonne heure-, l’ancien membre du groupe Taxi Girl sera passé du noir à un abîme où se perdent les excès de mélancolie et les abus en tous genres. Très bien accompagné par un pianiste et un violoncelliste, il a montré à l’auditorium de Bourges La taille de son âme – qui est aussi le nom de son dernier album- et a fait vivre son harmonica. Rarement en effet, un instrument aura eu tant de souffle et le petit homme fragile qui ose à peine parler au public fait coup double. Il parvient sans difficultés à faire oublier la jeune Maïa Vidal et éclipse Patrick Watson, pourtant l’un des meilleurs songwriters du Montréal anglophone.

Un printemps présidentiel

Daniel Darc a laissé un peu de sa noirceur sur cette 36e édition du Printemps de Bourges et quand on regardera en arrière, peut-être verra-t-on ses tatouages à vif et sa silhouette voutée dans les lumières blanches. Mais depuis mardi, le Printemps de Bourges, qui affiche des salles au trois quarts pleines et quasiment complet pour Dionysos et Shaka Ponk mercredi soir sur la grande scène du Phénix, a la tête ailleurs. Pour la deuxième fois de son histoire après 1995, le festival se tient entre les deux tours de l’élection présidentielle et dès le premier jour, les coulisses ont bruissé d’une rumeur : un des deux candidats finalistes, François Hollande, devrait faire une visite sur le festival. Le Socialiste se rend donc à Bourges aujourd’hui, à la mi-journée.

Daniel Colling, le fondateur et directeur historique du festival pouvait donc se souvenir de l’édition de 1988 pour laquelle "on avait tourné un clip avec Serge Gainsbourg dans le bureau de François Mitterrand, alors Président de la République". A cette époque, les têtes d’affiches s’appelaient Manu Dibango, Johnny Clegg, Jean-Louis Aubert, Elli Medeiros, Charles Aznavour ou Frank Zappa et l’affiche les représentait devant l’Elysée. Il y avait alors ce slogan en bleu, blanc, rouge : "Un festival pour tous les Français." Entre des valeurs sûres – Bénabar, Dominique A, Camille - et découvertes, c’est peut-être encore cela le rêve d’un grand festival.

Site officiel du Printemps de Bourges