Les chants d’amour de Nosfell

Les chants d’amour de Nosfell
Nosfell © DR

Cinq ans qu’il était parti voir ailleurs, du côté de la danse contemporaine. Après une longue traversée avec le chorégraphe Philippe Decouflé, Nosfell regagne la terre ferme et la chanson. Explorant le sentiment amoureux, Amour massif révèle surtout l’écriture en français d’un performer hors cadre, parmi les plus intenses de sa génération.

Aux confins de la chanson, du rock et de la danse, Nosfell a toujours été un cas très particulier dans le paysage musical français. Suivant un chemin bien à lui entre art populaire et art contemporain, cherchant sans cesse, le chanteur a tourné ces dernières années avec la compagnie du chorégraphe Philippe Decouflé, avec lequel il a frayé en bande. Après des années de grandes traversées, Amour massif marque donc un retour à la pop hors cadre pour Nosfell.

Avec sa langue imaginaire, le klokobetz, son jeu de guitare très rythmique et sa voix élastique le garçon nous avait certes habitués aux surprises. Pour ses trois premiers disques, Nosfell avait en effet renouvelé à chaque fois son univers habité, accompagné par son alter-ego, le violoncelliste Pierre Le Bourgeois, et des musiciens de grand talent : Bertrand Belin, le regretté Daniel Darc, le groupe de rock américain Queens of the Stone Age.

Cette fois-ci, Pierre Le Bourgeois n’est pas là et, surprise, Nosfell chante principalement en français, révélant une écriture onirique et physique, à l’image de ses performances. "Viens me déchiqueter / Les seins quand t’es dedans / De ton piano carnivore / Mon corps en rêve / Mes lèvres dévalent / Ta peau d’opale / Je vais t’aimer / Comme le cannibale", chante-t-il. La présence de Dominique A et de Dick Annegarn à l’écriture souligne encore ces inclinaisons.

Qu’il soit sensuel, rêvé (Amour, Même si la mer ne dit rien) ou enthousiaste (Sur la berge, Une voie divine…), l’amour est comme le dit clairement son titre, le thème principal de ce nouvel opus écrit sous influence. Souvent ombrageux, Amour massif laisse aussi la place à des moments de détente plus souriants, derrière ses nappes de claviers, ses ensembles de vents et de cordes.

Loin du monde qu’il a inventé durant son enfance, Klokochazia, et sur lequel portait son premier cycle d’albums – seuls le début et la fin de ce disque sont chantés en klokobetz-, Nosfell livre sans doute son disque le plus accessible. Il parvient haut la main à nous amener dans ses débordements d’amour et c’est si beau même, qu’on en voudrait encore.

Nosfell, Amour massif (Likade / Scherzo - Believe Digital / PIAS) 2014
En concert le 26 mars à La Maroquinerie (Paris), le 5 avril au festival Chorus des Hauts-de-Seine, le 25 avril au Printemps de Bourges.
Site officiel de Nosfell