La transe tranquille d'Isaac Delusion

La transe tranquille d'Isaac Delusion
Isaac Delusion © Aliosha

Il y a des formules magiques qui fonctionnent. Isaac Delusion en a utilisé visiblement beaucoup d’un coup. Le quatuor de la région parisienne est passé maître dans l’exercice de réussir ses sorties. Un premier album limpide et délicieusement addictif, un concert inaugural parisien qui a fait danser beaucoup de jeunes, un groupe qui remue les foules des festivals. Enfin, Isaac Delusion pourra avec ce premier album faire office de bande-son idéale des longues soirées de l'hiver prochain.

En 12 chansons à la rythmique sobre, le groupe place la barre très haut, rejoignant sans vergogne certains maîtres de la musique atmosphérique inspirés par le hip hop, la dance et la pop. On peut citer Radiohead pour l’inventivité de leurs chansons, Sigur Rós ou Antony & the Johnsons pour la voix et Animal Collective pour une déferlante de notes psyché sculptées dans un mur du son tribal.

Isaac Delusion a quelque chose qu’Antony Hegarty n’aurait peut-être jamais eu avec son groupe The Johnsons, un vrai sens de la danse et de la transe, tout en délicatesse, sans brusquer. "On part d’une intention easy listening" dit le groupe en chœur. La preuve, dès les premières notes jouées dans un concert parisien très couru, les pieds se sont mis à danser doucement, puis à continuellement augmenter la cadence, comme téléguidés.

Et voilà comment Isaac Delusion devient une des propositions musicales les plus souriantes du moment. Avec cette voix suave, doucement aigüe et flottante, le chanteur Loïc Fleury rayonne, non seulement heureux de devenir papa d’un petit garçon et de donner naissance à un petit bijou de musique électro-pop planante. "Une double paternité, en quelque sorte..." dira-t-il au public de la Gaïté Lyrique.

Le groupe a la bonne idée de faire vibrer une basse funk (tenue essentiellement par Nicolas Baurrigand), des instruments électro vintage avec d’autres machines plus contemporaines pour produire une mixture fraiche et ensoleillée si vous l’écoutez en pleine lumière, paisible et enveloppante si vous l’écoutez tard le soir dans un chalet enneigé, dansante et envoutante si vous vivez l’expérience de la scène.

"On a beaucoup travaillé nos morceaux en live..." précise Jules Paco, l’homme derrière les machines. C’est ce qui permet de sentir que l’art de ces messieurs est donc sacrément maîtrisé. "Loïc compose et tout le groupe apporte ensuite son expérience."

Le groupe s’est formé à Vincennes. Jules et Loïc se connaissent depuis l’enfance, Nicolas le bassiste est le frère d’un ami du duo et le Normand Bastien Daudard a rejoint la troupe en proposant d’emmener avec lui ses claviers d’un temps révolu. "C’est en Normandie, chez moi, dans un corps de ferme que nous nous sommes isolés des portables et des nuisances. Trois mois pour enregistrer. C'est ce qu'on voulait" dit Bastien. La signature avec le distributeur Parlophone/Warner a permis au groupe de réaliser tous leurs rêves d’enregistrer dans de bonnes conditions. "C’est signé pour plusieurs albums" explique le groupe.

Le public réagit au quart de tour à la musique d’Isaac. Dans les concerts, ils ont 20-30 ans environ et semblent tout aimer du groupe, que ce soit la tranquille mise en place hypnotique de leurs morceaux pop qui s’étirent sur bien plus que 5 minutes sur scène ou le travail d’un vidéaste ami diffusé sous forme de triptyque. "On est touché quand parfois ce sont des femmes de 50 et 60 ans qui se trouvent dans le public et qui connaissent les paroles..." raconte Jules.

Serait-ce les vagues de claviers Roland Juno 106 qui rappellent à ces dames leurs jeunes années pas si passées ? En tout cas, pour l’ambiance des concerts, rien de tel que de découvrir Isaac Delusion en famille et vous le vivrez, leur transe est addictive.

Isaac Delusion (Cracki/Parlophone) 2014
Site officiel d'Isaac Delusion
Page Facebook d'Isaac Delusion
A réécouter : Isaac Delusion en live dans La Bande Passante (07/07/2014)