Madeon, roi de la pop

Tout a commencé par une vidéo postée en 2010 sur YouTube. Pop Culture, un medley survolté de 39 titres enchaînés en 3 minutes, montrait les mains de Madeon, de son vrai nom Hugo Leclercq, alors âgé de 15 ans. Un clip tourné en plan fixe dans sa chambre d'ado, montrant les doigts déclencher les échantillons musicaux sur des touches lumineuses. En quelques jours, la vidéo totalisait six millions de vues.

Les extraits choisis en disaient long sur ses goûts musicaux : Madonna, Deadmau5, Alphabeat, the Buggles ou Daft Punk. Il reconnaît que le duo français l'a profondément marqué quand il avait 11 ans. Il découvrait le dessin animé Interstella 5555 qui illustre l'album le plus pop des Daft Punk, Discovery. Les titres, avec leurs mélodies accrocheuses, furent une révélation pour Hugo, qui s'est alors mis à créer des boucles et expérimenter sur son ordinateur.

Travailleur

Son premier fait d'armes a lieu un an avant la vidéo de Pop Culture, lorsqu'il gagne un concours de remixes organisé par le groupe australien jungle, Pendulum. Le trio français Yelle le repère et lui demande aussi un remix. Magie de l'Internet, donc, qui lui permet depuis son domicile nantais d'être contacté par le Canadien Deadmau5 ou les Anglais de Muse, afin de revisiter leurs titres.

L'entourage de Lady Gaga lui demande de produire une partie de l'album de la chanteuse américaine, Artpop, sorti en 2013. Le garçon assure également les premières parties de la star de la provoc. N'allez pas croire que Madeon est un petit surdoué, c'est surtout un travailleur, qui peut passer un mois sur un remix.

Il assure même avoir travaillé près de dix ans sur son premier album, Adventure, publié au printemps 2015 par la multinationale Sony Music. Cette dernière le vend comme le "prodige électro français", mais sa musique est délibérément pop. Une pop plus américaine que britannique, jouant la carte de l'efficacité, à la façon de l'EDM —cette version commerciale de l'électro défendue par David Guetta— mais également syncrétique, synthèse de pop, de rock ou de r'n'b synthétiques.

Musique et image

Madeon explique avoir voulu rassembler ici un peu toutes les musiques qu'il aimait adolescent, notamment les Beatles. Chaque chanson fait progresser l'album de la lumière vers l'obscurité, de l'insouciance à des ambiances plus contemplatives. Avec plusieurs invités au chant, comme Kyan, Dan Smith ou Passion Pit, Madeon est donc loin des musiques électroniques, qu'elles soient expérimentales ou de club. Ce "nerd" passionné de musique assistée par ordinateur veut d'ailleurs "sortir des codes de la musique club".

Il tente de donner un aspect plus visuel à une musique souvent caricaturée sur scène comme un jeune homme derrière un ordinateur. Madeon montre ses claviers et contrôleurs, il ne se cache pas. Les images et les sons restent très liés, dans sa façon de travailler, l'un et l'autre se répondent, se suscitent. Le souvenir de Interstella 5555 sans doute.

Madeon Adventure (Columbia/Sony Music) 2015
Page Facebook de Madeon