Ce double album, Ivory Coast Soul 2, élaboré avec passion par une équipe de chasseurs de trésors musicaux, revient sur cette période longtemps méconnue voire négligée, celle de la fin des années 1970, durant laquelle Abidjan s’enthousiasmait pour les représentants locaux de la musique soul funk.
Du Congolais Samba Mapangala au Guinéen Sekouba Bambino en passant par le Malgache Jaojoby, nombreux sont les artistes africains connus sur la scène internationale qui ont été marqués en profondeur par l’Américain James Brown dans les années 1970. Au fil des ans, souvent, l’influence s’est estompée, reléguée à l’arrière-plan par les courants d’inspiration plus traditionnelle. Mais les traces sont encore visibles pour qui sait chercher. Et en particulier en Côte d’Ivoire, où le pape de la soul a effectué son premier concert en Afrique, en 1968, et qui sert de terrain d’exploration à la série Ivory Coast Soul.
Après un premier volume paru en 2010 qui dressait un tableau d’ensemble de ce mouvement, ce second volet se concentre plus spécifiquement sur la période 1976-1981. Deux CD pour quatorze chansons remontées à la surface par une équipe de diggers, comme on a pris l’habitude de nommer ces mélomanes qui creusent les piles de vinyles pour y dénicher des pièces rares et contribuer ainsi à reconstituer le puzzle d’une histoire souvent observée à travers un prisme déformateur.
Sur la liste, pas de star en puissance passée à la postérité, mais des artistes qui ont chacun apporté leur pierre à cette scène ivoirienne : quelques anciens acolytes d’Ernesto Djedje, forcément, car l’ombre du roi du Ziglibithy plane souvent au dessus de ces enregistrements. La tendance se fait parfois plus prononcée vers l’afrobeat du Nigeria voisin, avec par exemple Pierre Antoine, accusé à l’époque de plagiat par les médias de son pays, comme on l’apprend dans le livret très instructif qui accompagne le CD. L’heure est davantage au disco quand démarre Mansou Djouwi de Pierre Houon – dans la même veine que Mamy qui avait permis au groupe M’Bamina de connaître un petit succès en Europe en 1978.
Restitué avec le maximum de soin, le son de la plupart des morceaux n’est peut-être pas le principal atout de cette compilation, mais il ne constitue pas non plus une entrave au plaisir que procure ce plongeon dans un passé à la créativité intense.
Compilation Ivory Coast Soul 2 (Hot Casa Records) 2012