Fredda, Le chant des murmures
Elle nous avait laissé sur une Ancolie au visage évanescent, dont on avait gardé la douceur précieusement en mémoire. Un peu plus de deux ans après, voilà Fredda de retour avec Le chant des murmures, son quatrième album solo.
"Le chant livre quelque chose de frontal qui arrive directement aux oreilles des gens. Les murmures, c’est le subliminal, les secrets, les thèmes. Le chant est l’essence d’une chanson où l’on murmure ce qu’on a dans la tête."
Là où les titres de L’Ancolie nous étaient apparus comme des cartes postales aux couleurs pastel, ceux du Chant des murmures portent en bagages autant de souvenirs que d’étapes significatives de la vie de la chanteuse. De sensations en paysages, on y retrouve ses Vosges d’origine, le Marseille de son adolescence (Les barres), mais aussi les réminiscences du "voyage initiatique" qu’elle effectuait sac au dos aux Etats-Unis à l’âge de 18 ans. Rien d’étonnant alors à ce que cette fan de musique américaine Old-time, qui écoutait à l’époque beaucoup Woody Guthrie et Hank Williams, adapte aujourd’hui en français le traditionnel When I was a young girl, immortalisé par Nina Simone, Odetta et Barbara Dane, ou récemment repris par Feist. Ni à ce qu’on retrouve rythmiquement des effluves de Tom Waits dans Le murmure des champs.
Répertoire folk
Ses années de piano-bar, seule, puis au côté de son compagnon de vie et de musique Pascal Parisot, n’auraient-elles pas tracé le chemin ? Entre son répertoire folk et celui, sud-américain, de Pascal, qu’elle a accompagné longtemps sur scène en tant que choriste et musicienne, la chanteuse peaufine aujourd’hui son identité musicale. Habitué à moi, qui chante l’amour qui dure, et relevé du violon alto de Bertrand Belin, souffle un air de blues enveloppant, tandis que Calavera s’engouffre dans la chaleur mexicaine. "C’est une bonne façon pour moi de danser et de taper dans les mains" ; celle que l’on a connue plutôt réservée sur scène s’offre ici l’occasion de libérer quelque chose qui est ancré en elle depuis toujours : "Je pratique la danse depuis de nombreuses années, ce que je n’intégrais pas forcément avant, mais que j’ai osé faire lors de mes tournées étrangères. Le jour où j’ai vu Sammy Decoster jouer (que Fredda a choisi pour co-réaliser l’album avec Pascal Parisot, ndlr), ça a été un vrai choc. C’était nature, physique, ça a été un élément déclencheur. J’avais envie de ce lâcher-prise".
Un lâcher-prise qui s’immisce en apparence dans les fantaisistes Pendant que je me parle et Michel va m’appeler, et dérobe à l’oreille le versant mélancolique abordé sans détour dans le disque précédent. On reportera donc cette fois notre coup de cœur "ancolique" sur L’Amour antique, et sa référence au mythe d’Orphée et Eurydice, comme un écho à Orfeo Negro (Manha de Carnaval), que Fredda chante depuis ses débuts. Et quand elle confie "aborder la chanson de manière picturale depuis toujours, comme des clichés, des photographies musicales", cela ne nous étonne guère, tant elle livre avec Le chant des murmures un album qui lui ressemble.
Fredda Le chant des murmures (Traffix Music/L’autre Distribution) 2014
En concert le 26 août au Limonaire (Paris)
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