Le groove acoustique de Gérald Toto
Après avoir participé à plusieurs projets collectifs dont le fameux disque Toto Bona Lokua, suivi d'une tournée internationale, le Martiniquais Gérald Toto nous livre un album personnel emprunt de jazz et de folk, chanté en anglais, Spring Fruits.
"Le jazz fait définitivement partie de ma culture musicale. Ce titre, c’est une évocation en négatif, c’est l’écho de Strange Fruits mais pour dire qu’il y a toujours une renaissance. Cela veut dire aussi que le printemps, c’est à soi-même que l’on se l’accorde. On peut s’autoriser ce genre de printemps et de renaissance".
Joli printemps, joli renaissance donc pour Gérald Toto qui s’autorise avec Spring Fruits un album autrement plus gai et festif que le sombre et macabre Strange Fruits de la vénérée Billie Holiday. Les douze fruits à cueillir sur l’arbre inspiré de Gérald Toto sont bien plus festifs et juteux que le tube de la diva du jazz. Profitons-en ! Tant la production de ce chanteur antillais est éparse : quatre albums en treize ans dont un cosigné avec Richard Bona et Lokua Kanza, il n’y a rien d’excessif !Le musicien fait partie d’une génération (Ruan Rozoff, Sinclair, Bruno Maman) qui - à l’exception de M - pétrie de groove et d’inspiration anglo-saxonne n’a jamais véritablement percée auprès du grand public français.
Des références que l’on retrouve en filigranes sur Spring Fruits au milieu de teintes reggae à la Stanley Beckford, Easily Get Lost ou hendrixienne Black Mary (à l’occasion, allez donc jeter une oreille sur sa reprise de If 6 was 9 sur l’album Les jours meilleurs qui date de 1998 !). Mention spéciale aussi pour Dive où l’on se noie dans l’onirisme des nappes vocales mêlées à sa guitare acoustique.