La nouvelle écriture de Macase

La nouvelle écriture de Macase
© Macase

Leur Bantou groove les a conduits sur les scènes du monde entier. Treize ans après leur premier album et malgré le départ de plusieurs membres charismatiques du groupe, Macase revient sur scène. La formation revendique de nouveaux musiciens et de nouveaux morceaux mais toujours la même envie de métisser les musiques bantoues aux rythmes modernes. Interview avec Serge Maboma, bassiste et membre fondateur de Macase.

RFI Musique : Le groupe Macase revient sur le devant de la scène camerounaise avec une nouvelle formation. Que proposez-vous au public ?
Serge Maboma : Dans un premier temps nous présentons en live la nouvelle équipe du groupe Macase. Corry Denguemo, la chanteuse, est partie, Ruben Binam le pianiste et Roger Minka, le guitariste également, et Blick Bassy et Paul-Henri Okala avant eux. (ndlr : des 7 membres du groupe originel seuls Serge Maboma, le bassiste, et Roddy Ekoa, le batteur sont encore présents). On a donc greffé autour de nous une nouvelle équipe de musiciens. Ils nous ont proposé une nouvelle approche de la musique de Macase, leur propre lecture du Bantou groove que nous appelons "la nouvelle écriture de Macase". C’est ce que nous proposons au public à travers une série de concerts depuis septembre. Nous serons en tournée au Cameroun jusqu’à la fin de l’année. Nous avons commencé à enregistrer nos nouveaux morceaux en studio et la sortie de notre album est prévue courant février 2013.

 
Macase s’est fait connaître par son Bantou groove, musique métissée de rythmes  bantoues et de sonorités modernes. Qu’est-ce que la nouvelle formation de Macase apporte à ce Bantou Groove ?
Nous sommes plus que jamais proches de cette synthèse entre les racines bantoues et l’ouverture au monde que nous recherchons depuis toujours. Concrètement, on a rajouté des instruments que nous n’avions pas à l’époque, notamment un percussionniste qui connaît le langage du nkulu, le tamtam symbolique de la musique bantoue. Le guitariste a une très belle écriture basée sur le son du balafon. Et le pianiste vient du jazz. Nous sommes plus que jamais dans ce syncrétisme, le Bantou groove. Aujourd’hui, dans l’univers mondialisé, le discours musical du Cameroun doit exister aussi.
 
Macase peut-il survivre au départ de ses membres emblématiques ?
Macase reste un repère, même pour ceux qui ont entamé avec un certain succès des carrières solo. La matrice Macase reste plus forte que leurs carrières individuelles.
Je crois que Macase a encore beaucoup à apporter à la musique camerounaise. Nous avons réussi à créer la scène urbaine du Cameroun. Nous avons ouvert la voie à toute une génération d’artistes désireux d’affirmer leur différence au milieu du makossa et du bikutsi. Et nous n’avons pas fini d’inspirer les musiciens camerounais. Nous n’avons pas fini de dire tout ce que l’on avait à dire !
Malgré les départs successifs que l’on a connus, je veux croire que Macase peut être un groupe pérenne. Les groupes doivent vivre au-delà des individus. Pourquoi n’aurions-nous pas un groupe au Cameroun qui serait une référence, qui traverse les âges ? Les gens vont devoir s’habituer à ce que Macase existe….
Nous avons tenu 15 ans avec toutes les galères que nous avons connues. Aujourd’hui la piraterie gangrène l’industrie musicale camerounaise, c’est vrai, mais les disques ne font pas tout. Il y a surtout les concerts ! Nous avons l’ambition de faire plus de 100 dates en 2013 au Cameroun. Nous irons jouer jusque dans les petits villages. Ça va être la bohème !