Le rap épineux d'Art Melody

Le rugissement, c’est Art Melody qui le pousse, plus mature et radical qu’hier. Comme le lendemain d’une nuit sans sommeil, le rappeur burkinabé et son DJ bordelais Redrum errent dans la ville et posent un regard changeant sur ce qui les entoure : énervé, lessivé, désespéré, sans concessions. Avec eux, on croise High Priest du groupe new-yorkais Anti-Pop Consortium, l’excellent Dirty Walt du combo afro-punk de Los Angeles Fishbone, DJ Form ou Ousmane Zaré de Waguess Family.

 

Les rencontres sont brillantes ou anecdotiques, mais ont le mérite de confronter le timbre si particulier du rappeur burkinabè à d’autres univers. Art Melody a le flow parfois aussi linéaire que ce qu’il dénonce : la sécheresse d’un quotidien où la galère devient routine.

 

Quelques belles éclaircies laissent entrevoir d’autres tessitures de voix dont un a cappella, aux allures de berceuse rocailleuse– un blues ? Et à la toute fin de l’album, Wend Yamba, un morceau presque chanté, sur fond de combats d’épées digitalisées. Chuchoté mais tranchant.

 

Pour WogDog Blues, le label Tentacule Records a travaillé en petite équipe de manière artisanale et soigné ses connexions. Après deux ans de travail entre Redrum, Melody et Nicolas Guibert – le "poulpe" orchestre de Tentacule Records, l’album a été masterisé par Dave Cooley, collaborateur régulier de Stones Throw Records, à Los Angeles. Enfin, le graphiste Brüno a imaginé la pochette, particulièrement réussie : un masque afro-futuriste au regard tourné vers l’horizon.