Black Bazar, nouvel épisode
Portée par l’écrivain congolais Alain Mabanckou, l’aventure musicale collective Black Bazar se décline à travers un nouvel épisode intitulé Round 2, convaincant tant pour ses qualités de production que pour les choix artistiques effectués, qui servent les intérêts de la musique congolaise en l’ancrant dans le monde globalisé d’aujourd’hui.
Black Bazar s’apparente à une opération de sauvetage : nombreux sont ceux qui avaient rêvé de redonner à la musique congolaise moderne – pour la rumba d’antan, Kekele a fait le boulot – une allure et une crédibilité artistique qu’elle avait perdues, noyée sous les synthés et programmations, coulée à fond par son lot de compromissions politico-financières.
Encore fallait-il les hommes et les moyens idoines pour y parvenir. Et un illustre parrain pour être visible, ce qui permet de faire vivre la démarche, sans quoi elle rejoindra illico le cimetière des bonnes idées mortes-nées. Dix-huit mois après avoir tenté le coup avec un premier CD qui a permis à la formule d’exister aussi sur scène, Alain Mabanckou appuie là où ça fait du bien en refaisant confiance à l’équipe remaniée qu’il a constituée, dans laquelle on trouve beaucoup d’anciens membres du Quartier latin de Koffi Olomidé ou de Wenge Musica Maison Mère de Werrason, groupes qui font figure de centres de formation à Kinshasa.
Le menu est annoncé dès les premiers instants de l’album : "On fait tout simplement ce qu’on a dit", répètent au micro les ambianceurs, sur un fond rock qui souligne et fait écho à leur phrasé. Le temps de quelques échauffements, et au bout de trois minutes exactement la machine s’emballe tout à coup : place à cette séquence qu’on appelle "sébène", qui emporte tout sur son passage, guidée par la guitare de Popolipo Beniko, au talent reconnu depuis ses années au sein de Zaiko Langa Langa.
Sans se défaire de ce côté “grand bazar” qui fait le charme et la chaleur des douze titres, ce Round 2 canalise les énergies et agrandit en même temps le spectre des couleurs musicales, profitant des compétences dans ce domaine du réalisateur Francky Moulet (Tambours de Brazza, Nzongo Soul…).
Sur Sweet Home, Wole Sentimenta apporte une touche nigériane avec sa voix, tandis que la Cubaine Niuver, déjà présente sur le précédent CD, est invitée pour revisiter le classique El Manicero (rebaptisé Black Mani) des années 30. Et comme sur le premier volume, l’écrivain Mabanckou apporte aussi sa contribution. Il signe le texte de Combo Congo, chanté par Fanfan du groupe Tabou Combo, monument de la musique haïtienne. L’occasion pour la guitare si reconnaissable de la rumba de rencontrer celle tout aussi remarquable du compas pour se lancer dans un dialogue inédit mais surtout réussi, dans un feu d’artifice de saveurs transatlantiques.
Black Bazar Round 2 (Lusafrica) 2013
Site officiel de Black Bazar
Page Facebook de Black Bazar
A écouter : les musiciens de Black Bazar et Alain Mabanckou dans Couleurs tropicales (29/10/2013)