Anansy Cissé, les guitares de l'Ouest
Pour se reconvertir, les guitares rock des années 1970 ont trouvé au Mali un terreau favorable, en faisant leur place aux côtés des musiques locales. Sur son album baptisé Mali Overdrive, Anansy Cissé puise aux mêmes racines qu’Ali Farka Touré, maître du blues songhaï, mais en propose une vision aussi différente qu’électrifiée.
Si le monde de la musique au Mali a tourné au ralenti en 2012, mis à mal par la crise qui a touché le pays à ce moment-là, cette situation n’en a pas moins généré, paradoxalement, des effets indirects et inattendus qui s’avèrent au final parfois positifs. La cartographie musicale a été bousculée, les lignes ont bougé, au sens propre.
L’avancée des groupes islamistes sur le territoire a provoqué des mouvements de population. Parmi ces déplacés, des artistes qui étaient jusque-là cantonnés dans leur région, isolés, sans chercher autre chose qu’à poursuivre leur activité à l’échelle locale. En se repliant à Bamako, la capitale, certains ont trouvé sur leur chemin de nouvelles opportunités.
C’est le cas d’Anansy Cissé, 27 ans, venu de Diré, ville sur le fleuve Niger située à 80 kilomètres de Tombouctou. A son actif, avant cet album Mali Overdrive qui marque ses débuts sur la scène internationale : des productions pour des artistes du nord du pays, tous styles confondus, à base de programmations. Une notoriété qui se mesure à l’aune des échanges de fichiers entre les cartes SIM des téléphones mobiles, devenus là-bas le mode d’écoute et de consommation de la musique.
Il avait aussi sorti en 2009 son premier album, sous le nom d’Annane Sy Cissé, dont il reste quelques traces sur le Web. Dans un genre très différent de celui adopté sur ce nouveau projet, bien qu’il ait repris la moitié des morceaux pour les réinterpréter. “Anansy est un peu comme une éponge qui absorbe tout ce qu’il entend, musique peule, songhaï, rock, pop et ça ressort dans sa musique sans qu’on puisse définir comment avec précision ni quelle est la part de telle ou telle influence”, confie l’un des protagonistes de l’album.
Voir en lui un croisement de Bombino et de Bassekou Kouyaté serait réducteur, mais il appartient bien à cette même catégorie de musiciens, avec cette envie d’aller de l’avant, d’oser – le titre du CD n’en est-il pas le reflet ? Le mix fin et exigeant qui met en valeur les dix morceaux ne dit pas autre chose, que ce soit sur Aigouna avec sa basse en relief, ou dans les différentes couches de Seckou Amadou, un titre que ce fils de marabout dédie au fondateur de l’empire peul du Macina, en y intégrant un extrait d’un discours de Nelson Mandela.
Anansy Cissé Mali Overdrive (Riverboat Records) 2014
Page Facebook d'Anansy Cissé
